Athéna était très déçue. Elle était venue pour profiter des plaisirs des fêtes olympiennes et au lieu de ça elle se retrouvait bloqué dans un labyrinthe. Elle était particulièrement frustrée par cette sensation nouvelle, celle d'avoir perdu ses pouvoirs et d'être tout à fait vulnérable. C'était donc ça se sentir humain ? Elle ne paniqua pas. La déesse de la raison garda son sang froid et réfléchit. Rien ne lui vint. En voyant la foule paniquée, elle se sentie humiliée de ne pas pouvoir utiliser ses pouvoirs, elle qui d'habitude pouvait donner courage et force à ses adorateurs.

Elle écouta son père avec attention. En bonne fille préférée de Zeus, elle voulu répondre immédiatement à son papounet.

- Le labyrinthe a été construit par Dédale. Il renferme le Minotaure, l'enfant monstrueux de Minos et  Pasiphaé... Tous les ans des jeunes gens de ma cité sont livrés à la bête. Il est dit que personne ne peut trouver la sortie mais nous ferons mentir ces rumeurs.

Elle se tenait fièrement aux côtés de son père, espérant, à défaut d'aura divine, inspirer courage par sa large carrure et son air déterminé.

J’aurais dû me douter qu’il y avait anguille sous roche. Ça me paraissait déjà bizarre quand j’ai reçu l’invitation mais puisque je sais que mon père a déjà parlé de moi sur l’Olympe et qu’il a très bien pu s’arranger pour que je sois invitée, je n’ai rien dis. D’autant plus que ma mère a insisté pour que j’accepte et que j’aille au rendez-vous. « Il ne faudrait pas que tu déçoives le dieu des dieux, ma chérie. » Si tu savais maman, je ne vais peut-être pas rentrer de sitôt.

Alors que les portes du labyrinthe se sont refermées derrière nous et que Zeus prend la parole, je cherche instinctivement quelqu’un que je connais dans la foule. Je finis par repérer la déesse Athéna. Franchement, j’aurais préféré quelqu’un d’autre. La déesse pour laquelle j’ai failli mourir à Ithaque n’est pas vraiment la compagnie que je préférerai avoir en ce moment. De toute façon, avec tous les Olympiens présents, il y a peu de chance pour qu’elle m’adresse un regard.

Alors que la déesse tutélaire d’Athéna répond à la question de son père, je continue de chercher dans la foule à la recherche du mien. En vain, Apollon est introuvable. Soit je n’arrive pas à le voir à cause du monde et de ma taille, assez petite par rapport aux centaures ou aux dieux qui arrivent facilement au mètre quatre-vingt, soit il a eu la bonne idée de ne pas venir. Je préférerai la première option. J’ai vraiment besoin de son soutien, pour une fois. Sans mes pouvoirs, je suis d’une inutilité fracassante. Je n’ai même pas un arc pour contrebalancer la disparition de mes capacités divines.

Franchement, j’avais prévu de ne pas intervenir mais je n’en pouvais plus d’entendre tout le monde dire que c’était fichu, qu’on était tous morts, etc. Zeus a beau avoir calmé la foule, les craintes sont toujours là et entendre ces murmures m’énerve au plus haut point. Alors, je me suis frayé un chemin dans la foule, pour arriver au premier rang, et j’ai haussé la voix pour me faire entendre.

– Ça suffit ! Je sais ce que vous ressentez, dis-je en m’adressant à la foule. Vous vous sentez inutiles et faibles. Bienvenue dans la peau d’un humain.

Même si je ne suis pas strictement humaine mais passons. Je me tourne alors vers Athéna.

– Dame Athéna, est-ce que le minotaure a été nourrit cette année ?

Ça me fait un peu mal de demander si des pauvres innocents ont été jeté en pâture au monstre mais bon, je préfère savoir si l’homme-taureau a faim ou non.

Éponème était venue pour la fête et oui...d'accord ! Surtout pour le buffet ! Depuis le temps qu'elle ne s'était pas rempli la panse avec un repas qui la calerait et puis pouf ! Elle s'était retrouvée au milieu de divinité, d'humain, d'autres créatures complètement perdue à tacler son sabot au sol. Elle n'aimait pas du tout cette pierre dur sur laquelle ses sabots glissaient. Zeuz éleva la voix et une telle présence lui fit poser les fesses au sol en écoutant ce qu'il avait à dire.

De mieux en mieux ! Elle qui pensait qu'elle allait pouvoir manger jusqu'à plus faim, voilà que finalement, elle allait servir de dîner à un monstre cornu...

- Ah! Bah! Super !!

Elle avait immédiatement regretté ses paroles se cachant la bouche avec ses mains, de toute façon même dans la foule, elle était facilement remarquable. Il s'agissait de la seule de son espèce et avec sa chance, elle allait finir en appât ou en steak de cheval. Cela lui apprendrait d'accepter les invitations douteuses et de suivre son ventre qui émit un beau gargouillement puissant.

Que de lamentation de la part des convives bipèdes, voilà qu'une tête qu'elle connaît s'avance et vient parler à son tour.

- Bah! Peut-être qu'il est pas aussi méchant qu'on le dit aussi...non pas que j'ai peur de l'affronter hein... mais si j'étais enfermée dans un labyrinthe il y aurait de quoi devenir taré vous croyez pas ? Puis si on le nourrit qu'une fois par ans aussi...

Comme on pouvait se l’imaginer, Athéna ne portait pas le Minotaure dans son cœur. Elle si protectrice de sa cité regrettait fortement de voir ses jeunes habitants livrés au monstre chaque année. Elle ne pouvait rien y faire malheureusement, mais comptait bien saisir cette opportunité pour mettre un terme à ce massacre.

Perdue dans ses pensées guerrières, elle mit quelque temps à répondre à la question qui lui était posée. Mnémosyne fut plus rapide qu’elle, et son intervention tira la déesse stratège de ses ruminations. Penaude de s’être laissée aller, elle brandit sa lance pour se porter volontaire. Elle avait apporté ses atours militaires, désirant se montrer parée de tous ses attributs pour la supposée fête.

- J’en suis. Le minotaure est un monstre d’une rare férocité, il nous faudra l’éviter à tout prix… Chronos a parlé d’un lac, il nous faudra de bons nageurs.

Elle réfléchit quelques instants. Elle se rappela une prophétie des Moires sur un futur héros athénien et s’en inspira librement.

- Pour ne pas nous perdre, nous devrions accrocher un fil à l’entrée. Si nous trouvons la sortie elle sera accessible plus facilement.

Elle observa l’assemblée, attendant d’autres volontaires.