Dans les temps très anciens, Pan était un dieu peu respecté par les autres dieux et qui tentait de fuir l'Olympe autant qu'il le pouvait. Il se réfugiait alors le plus possible dans les forêts et les campagnes.

Tandis qu'il se réfugiait en Arcadie, afin d'assumer son rôle de protecteurs des bergers et de leurs troupeaux, il inventa toute sortes d'instruments un peu inutiles, pas très concluants ou avec des sons approximatifs.

Malgré le calme qui pouvait l'envelopper, Pan restait un personnage effrayant pour les habitants de la région. Toute personne qui croisait son regard devenait instantanément fou. Malgré son caractère obscène et solitaire, le dieu souffrait de l'isolement que sa différence lui imposait.

Un beau jour, alors qu'il se promenait dans les forêts d'Arcadie, Pan vit une belle nymphe, Syrinx. Elle dansait avec sa belle robe et il en tomba instantanément amoureux.

Pendant des mois, il la suivit de loin, n'osant pas l'approcher. Il ne savait comment s'y prendre en réalité. Une femme aussi belle alors que lui était si... Laid ? Il le savait bien... Et puis un jours il se décida. Mais sa présentation n'eut pas l'effet escompté. La jeune nymphe sembla pétrifiée d'angoisse en le voyant. Complètement désespéré, Pan s'enfuit mais n'abandonna pas pour autant son amour pour Syrinx.

Par la suite, la nymphe se refusa à son amour plus d'une fois... Voire même des dizaines de fois. Elle semblait toujours... Effrayée ? Il était tellement vexé...

Le temps passait et plus ça allait, plus son envie qu'elle lui appartienne l'enveloppait. Il en devenait fou. Il finit par se présenter à elle et lui avoua ses sentiments. Cette fois, c'est elle qui prit la fuite. Il la poursuivit. Pour le fuir, la jeune femme se transforma en roseaux. Anéanti, Pan ramassa les roseaux, les assembla et en fit une flûte, qu'il nomma du nom de son aimée.

Quand il souffla pour la première fois dans la flûte, un son harmonieux en sortit. Le son le plus merveilleux jamais entendu... Le dieu parcourut alors les forêts et les campagnes, jouant de cet instrument à chaque instant.

Euterpe se prélassait dans les jardins de l'Olympe, chantonnant comme à son habitude. Elle s'était vêtue d'une légère robe rose pâle, sa couronne de fleurs sur la tête. Son esprit était très occupé, elle pensait à Uranie qui avait décidé de quitter l'Olympe pour vivre avec les mortels. Ce n'était pas une si mauvaise idée, mais Euterpe restait très attachée à ses sept autres soeurs.

    La belle jeune femme qu'elle était ne semblait pas se soucier de ce qu'il se passait autour d'elle : des Dieux et Déesses passaient à côté d'elle en la regardant du coin de l'oeil. Son chant mélodieux atteignait les oreilles de chacun, et tout le monde pouvait aisément se rendre compte du fait que la muse était plongée dans ses pensées.

    C'est alors que, étant connectée au monde des mortels par la pensée, elle entendu une jolie note jouée avec un instrument qu'elle n'arrivait pas à identifier .. Elle cessa instantanément de chanter et se concentra sur ce qu'elle entendait de là-haut. Déjà prête à descendre du mont Olympe pour trouver de où cette musique provenait, elle entendait des gerbes de mélodies qu'elle connaissait, mais qu'elle n'avait jamais entendu avec cette puissante, cette clarté. Quel était donc cet instrument ?

    Vous connaissez Euterpe, en moins d'une minute elle se trouvait déjà en Arcadie, cette belle région montagneuse de Grèce. La musique provenait d'ici. Qui était le musicien ? Euterpe s'impatientait, cherchant désespérément la source d'une musique si pure.

    De dos, elle vit une créature. Elle s'avança, c'était elle qui jouait cette si belle mélodie. Euterpe lui tapota l'épaule pour qu'elle se retourne. Elle le reconnaissait, c'était Pan, mi-homme mi-bouc, à une époque elle le croisait dans l'Olympe, et il ne passait pas inaperçu vous vous en doutez. Euterpe avait toujours détesté voir les Dieux se moquer de lui constamment, et elle cachait sa peine pour ne pas que les autres sachent qu'elle est une déesse sensible et empathique. La voilà face à lui. Elle ne lui a jamais adressé la parole, mais comme on dit il y a un début à tout.

« Bonjour. Je suis Euterpe, une des neuf muses, fille de Zeus tout puissant. »

Pan jouait de son nouvel instrument, désespéré de ne pouvoir être aimé, désespéré de ne pas être accepté… Alors de tout son cœur, il jouait encore et encore. Cela le rendait plus heureux. Il arriva finalement en Arcadie, traversant les champs, les forêts, les plaines…

Alors qu'il s'arrêtait dans une clairière, à l'ombre d'un grand chêne, jouant pour les animaux, pour les plantes et pour tous ceux qui l'écouteraient. Il s'assit sous l'arbre et passait ses larmes de colère contre la Terre entière dans l'instrument. Il ferma doucement les yeux et soupira. Quand il fut reposé, il se releva et repartis.

Marchant doucement, jouant toujours, le dieu s'avança dans les terres d'Arcadie. Il n'était attentif à rien et se concentrait seulement sur les notes qu'il jouait. Soudain, il quelqu'un lui tapota l'épaule. Mini crise cardiaque. Comment a-t-il pu ne pas entendre la personne ? D'habitude il entend tout… Il se retourna alors et se retrouva face à une très jolie jeune femme. Elle se présenta alors comme étant Euterpe. C'était une présentation basique, voire même robotique. Il sourit, l'écoutant.


En tant que muse, elle devait être au courant de la réputation dont il souffrait. Il soupira et se retourna. Il allait repartir dans les forêts, il savait qu'il ne supporterait pas les moqueries de la belle Euterpe en ce moment-même. Il déglutit et commença a marcher.

C'est alors qu'il fut arrêté par la muse. Il fronça les sourcils, surpris.


Il croisa les bras, faisant attention à son instrument.

Euterpe fixait la flûte de pan des yeux. Quel était donc cet instrument ? Comment ce fait-il qu'elle ne l'ait jamais vu avant, alors qu'elle est la muse de la musique ?

    Le jeune mi-homme mi-bouc lui répondit. Bien sûr qu'elle savait qui il était et comment il se nommait. Elle le regarda, l'air interrogateur. Il se retourna alors et s'éloigna d'elle, la belle muse fronça les sourcils : quelle drôle d'attitude ! Pourquoi s'en allait-il alors que leur discussion n'avait qu'à peine commencé ?

    Euterpe commençait à se poser bien trop de questions.

    Elle avança en suivant Pan de près, lorsqu'il se retourna vers elle en lui demandant ce qu'elle lui voulait et en la prévenant qu'il n'avait pas le moral à discuter. Elle se renfrogna et regarda à nouveau la flûte qu'il tenait à la main. Elle laissa un vide sonore s'installer pour le rompre brutalement :

« Je n'ai besoin que d'une chose, Pan, j'ai besoin que tu me dises absolument tout à propos de cette flûte. » elle la fixa encore quelques secondes et se concentra de nouveau sur son interlocuteur, qu'elle espérait d'assez bonne humeur pour ne pas la rembarrer et s'en aller sans qu'elle ne sache ce qu'il y a à savoir.

     Elle remit sa couronne de fleurs droite sur sa tête et invita Pan d'un signe de tête à se lancer dans un long récit pour qu'elle en sache d'avantage. Un large sourire aux lèvres, elle espérait de tout son coeur qu'il n'allait pas passer par quatre chemins et lui dire directement d'où la flûte provient et depuis quand il la possède. Euterpe ne supporte pas l'idée de ne plus avoir la science infuse à propos de musique.

Pan leva les yeux au ciel. Sérieusement ? Il soupira et se retourna.


Mouvement de colère. Retenue. Non… Si il lançait cette flûte, elle se briserait et tout ce qui lui restait de Syrinx disparaitrait. Il ramena la flûte à lui et poussa un soupir.


Pan refusait que Euterpe lui prenne son instrument et l'emmène à ses sœurs. En peu de temps, tout l'Olympe serait au courant. Pas question que les dieux se moquent de lui encore une fois ! Il avait été stupide d'aimer alors il se refusait à en faire une faiblesse.

Mais la muse ne semblait pas vouloir s'en aller. Il se tourna et la regarda, intrigué. En général, les gens le fuyaient ou le fréquentaient le moins possible mais elle, était là de son plein gré. Pourquoi ? Elle a pourtant eu la réponse qu'elle souhaitait. Pan était déboussolé. Il n'était pas habitué aux relations humaines. Encore moins avec une aussi belle jeune fille.

De toutes façons, elle va finir par se moquer de lui. Il soupira, blessé par avance. C'était fatiguant, à la longue, d'être la risée de tout le monde, d'être le bouc émissaire. Alors qu'elle en finisse. Vite.

Les paroles de Pan étaient émouvantes. Euterpe en avait un léger pincement au coeur, et elle se retrouvait plantée là, penaude, face à ce qu'il disait.

« Pourquoi est-ce que ça m'étonnerait ? »

    La muse fronça les sourcils en prononçant sa question. Comment pouvait-il croire qu'elle le jugerait de cette manière ? Cette petite "pique" que lui avait lancé le Dieu avait presque réussi à camoufler l'histoire de la flûte de Pan.

    La belle était épatée d'apprendre qu'il était l'inventeur de cette nouvelle flûte, elle-même n'avait jamais créé quoi que ce soit et elle se sentait légèrement jalouse de voir encore un nouvel instrument apparaître sans qu'elle ne soit toujours pas capable de faire de même. Heureuse d'enfin savoir ce qu'il en advenait de cet instrument, elle sourit, et se rembrunit aussitôt en se rappelant qu'il avait sous-entendu qu'elle serait surprise qu'il invente une si bonne flûte.

    Euterpe tendit la main vers la flûte et, prenant des pincettes, elle demanda :

« Je peux l'essayer ? »

    Elle espérait qu'il accepte. Après tout, elle ne voulait rien de mal, juste essayer de jouer la même jolie mélodie que lui. Elle ne savait pas trop à quoi s'en tenir avec lui, car il venait justement de lui dire à quel point l'instrument était important pour lui, son "âme entière". Elle essaya de lui lancer le regard le plus gentil possible pour le convaincre.

Il allait refuser tout de go. Il ne voulait pas qu'elle abime son instrument ou qu'elle le casse… Mais la belle nymphe lui lança le regard le plus tendre du monde. Et le cœur du dieu fondit presque. En réalité, il était étonné par la gentillesse de la belle demoiselle. En tant normal, les femmes le fuyaient, mais pas elle.

Pourquoi ? Pourquoi était-elle gentille avec lui alors qu'il était laid à en faire mourir les promeneurs sylvestres ? Pourquoi s'intéressait-elle à cet instrument qui le torturait comme il le ravissait ? Certes la mélodie qui en sortait était absolument extraordinaire mais la jeune muse en avait l'habitude, n'est-il pas ? Elle qui vivait au milieu de mélodies diverses à chaque instant de sa magnifique vie, loin d'être solitaire. Elle était aimée, chérie et entourée. Alors pourquoi venir s'embêter avec un satyre aussi effrayant ?

Peut-être que la demoiselle n'avait pas que de mauvaises intentions, finalement… Elle ne serait pas venue seule sinon. Alors prenant son courage à deux mains, Pan lui tendis l'instrument à contrecœur.

Mais les mains d'Euterpe étaient délicates et fines. Elles seraient un écrin parfait pour récolter l'amour de Pan, répandu partout par cette flûte. Peut-être pouvait il lui faire confiance. Alors il lui offrit d'essayer son instrument.


Alors elle se mit à jouer. Et une larme échappa au dieu.


[NDLR: désolée pour le temps de réponse :/ Je n'ai aucune excuse réelle, si ce n'est le manque de motivation :'(]

Cette rencontre devenait de plus en plus intéressante. Euterpe était médusée par le talent dont elle était témoin et de plus en plus intriguée. Elle jeta un œil aux alentours en s’apercevant qu'ils étaient seuls au beau milieu de ces montagnes d'Arcadie. Elle n'avait jusqu'alors pas fait très attention à leur environnement et était restée concentrée sur Pan et sa flûte.

    C'est alors qu'il accepta et lui tendit, tout en lui demandant de faire attention. La muse, ne pouvant camoufler sa joie, la prit délicatement et acquiesça, un fin sourire aux lèvres.

    Elle porta l'instrument à sa bouche et, prenant une inspiration profonde, elle se mit à jouer. Elle se prit au jeu, ses pensées disparaissaient et plus rien ne comptait à part la musique. La muse se sentit légère comme une plume et continua de profiter de l'instant avant de jouer les dernières petites notes de la mélodie.

    Ré-ouvrant les yeux, elle eu le visage radieux et sentit toute la chaleur que lui procuraient les rayons du soleil. Elle s’aperçut que le Dieu face à elle avait laissé s'échapper une larme, une petite goutte ruisselant le long de sa joue. Elle s'approcha et dit alors :

« Merci infiniment. »

    Euterpe rendit son bien à son fabricant et, dans un intense silence, elle recula, fit demi-tour et s'éloigna du jeune homme pour retourner sur l'Olympe auprès des siens. Ce moment, elle ne l'oublierait pour rien au monde. Elle était heureuse d'avoir enfin pu rencontrer Pan dont on parlait si souvent à l'époque et dont les dires n'étaient encore une fois que de fausses idées reçues. Ce Dieu n'était pas monstrueux le moins du monde ...



[Note : J'ai été encore tout aussi longue à répondre ahah ne t'en fais pas ! J'ai choisi de clore le RP j'espère que ça ne te dérange pas, parce que je n'avais pas d'autre idée, on pourra en refaire un dans le présent quand tu veux ^^]

Il tenta de cacher l'émotion qui l'enserrait. Et la muse sembla le remarquer, d'ailleurs. Il en était particulièrement gêné. En fait, Pan était incapable de dire si c'était le fait de voir cette jeune fille, si frêle, jouer de sa création, ou bien si c'était la musique elle-même qui l'émouvait à ce point. Mais le temps semblait s'être arrêté. En plus, elle l'avait remercié… Personne n'avait jamais remercié le dieu de la nature…



Et à ces mots, Pan aurait pu lui offrir cet instrument. Mais non. Respectueuse de ce qu'il lui avait demandé, Euterpe rendis la flûte de ses fines mains; Pan frissonna, sans réagir et la laissa repartir.

Il aurait voulu la retenir. Et lui demander de jouer encore et encore. Lui ne savait que faire du bruit. Du bruit. Toujours du bruit. Il ne pouvait faire autre chose.
Elle, quand elle jouait, elle remplissait le cœur le plus vide, elle faisait taire les oiseaux les plus bavards et elle donnait l'amour à la plus inhumaine des créatures. Lui pensait à l'amour… Il aurait pu en rire s'il n'était pas aussi troublé.

Pan regarda autour de lui. Les oiseaux qui l'avait suivis reprirent leur chant, les quadripèdes repartirent à leurs propres tâches et le paysage resta toujours aussi calme qu'il l'était. Même les animaux n'osaient plus déranger le silence qui s'était installé. Le dieu soupira puis tourna les talons pour retourner dans ses campagnes. Il pensait à Euterpe… Il ne pouvait la chasser de ses pensées. En fait il n'en avait même pas envie ! Il voudrait se rappeler toute sa vie de la mélodie qu'elle avait créé. Pan revint à ses Terres et y restait songeur. Cette nuit-là, on ne recensa aucun voyageur effrayé par Pan, celui-ci protégeant ses bergers, de loin. Ce soir là, il n'aurait pu faire que le bien autour de lui… C'est tout ce qu'il voulai faire, afin de ne pas effrayer Euterpe par des rumeurs. Et il espérait la revoir bien vite.



[NDLR: Bien ! :D Je suis pour un nouveau RP, recontacte moi si tu veux haha]