Localisation : Gambade par la campagne, ou dans son sanctuaire privé Occupation : Répandre l'amour sous outes ses formes Date d'inscription : 20/04/2015 Messages : 122 Double compte : Pyrotrikhos
On retint beaucoup de couples qui se rendirent célèbrent et méritèrent légendes et chansons. De certains dépendaient le destin de villes, de régions, de royaumes, et les dieux se plaisaient à intriguer, à prendre partis. Héro et Léandre ! Callirrhoé et Corésos ! Iphis et Ianthé ! Philémon et Baucis ! Votre amour à parcouru les siècles et les mémoires. Mais soyez honteux d’avoir éclipsé deux êtres d’exception. Peut-être n’ont il pas causé de déluge, ni de sacrifices, peut-être les cités dont ils venaient n’étaient que de simples petits villages de paysans, mais leur amour était noble et pur, tout autant que le votre, au point d’attendrir deux Olympiens des plus respectés. Leurs noms étaient Lydia et Artémidore.
Lydia était une jeune femme de Corinthe. Toute jeune, elle n’était femme que depuis peu. Son maintient était charmant, ses cheveux noirs tombaient en cascade, et ses yeux d’un bleu pur semblaient tout droits sortis de l’océan. Ses parents, dont la lignée venait des pays loin à l’est, étaient bien vus dans son village, étaient prospèrent, et pouvaient offrir à leur fille les parures d'or qu'elle méritait. Ils avaient pour projet depuis toujours de faire de Lydia une prêtresse. Mais cette dernière n’avait d’yeux que pour Artémidore.
Artémidore était un jeune homme particulièrement bien fait. Il était vigoureux, avait le port héroïque, et la constitution d’un athlète digne d’Olympie. D’une famille très humble, il n’en était pas moins la fierté de son village, espoir guerrier promis aux troupes de Corinthe. Son destin y était tout tracé, depuis qu’il avait été remarqué sur le stade, chacun espérait qu’il soit un jour « l’Artémidore de Corinthe ». Et si accomplir son devoir, en même tant que des exploits qui feraient briller son nom était ce qu’il aurait toujours voulu, c’est bien pour Lydia que battait son cœur.
Car Éros, contrarié de voir deux si belles âmes êtres promis à des destins si chastes, était intervenus. On ne pouvait être aussi bien fait, être aussi admirable, sans connaître l’amour, c’était inconcevable. Il les avait fait se rencontrer, par un hasard fabriqué de toutes pièces, et s’était immiscé dans leurs cœurs, les faisant tomber éperdument amoureux dés le premier regard. Leurs villages ne s’entendaient pas, chacun cherchant à attirer les faveurs de la grande cité corinthienne. Et dés l’instant où les jeunes gens s’étaient publiquement déclarés, leurs famille avait tout fait pour les défaire. En vain, car ce n’est pas si peu qui décourage l’Amour, quand il s’immisce dans les histoires des mortels.
Éros chuchotait tantôt à l’un, tantôt à l’autre, les mots doux à écrire au compagnon de leur cœur. Bientôt ils finiraient par s’unir, bravant les interdits sociaux et familiaux. … Enfin ça, c’était pas fait. Il leur avait soufflé la bonne idée d’aller se retrouver, par cette nuit où la lune était pleine, près de la rivière qui courait dans le bois qui séparait leurs villages. Mais les jeunes gens, ignorant de tout ce qui faisait l’amour, étaient timides, et ne s’enflammaient que par des mots.
Caché des yeux de tous, dans les frondaisons d’un chêne imposant, le dieu de l’amour les observait, assis sur les pierres rondes au bord de l’eau, sous les rayons doux de la lune, à se réciter les mots que lui-même leur avait inspiré. Elle avait une grande toge blanche immaculée, et un lys dans ses cheveux tressés. Lui avait son pagne de guerrier, et un collier d’os. Et, au grand désespoir du Protogonos, ils osaient à peine se regarder dans les yeux.
Sous le clair de lune, la nymphe courrait en gloussant. Son pas, si leste, foulait l’onde du petit lac, sans y étendre de cercle. Elle s’arrêta, la berge atteinte, pour jeter en arrière un regard de biche, à la fois effrayé et amusé. Mais la surprise apparut devant elle, quand les bras de Pan s’étendirent pour capturer ses hanches. « Je te tiens, mignonne. Susurra-t-il, satisfait, le regard brulant d’un désir non voilé. Vas-tu encore t’enfuir, ou t’avouer vaincue ? Il la dévorait déjà du regard, tandis que sa main fouillait les plis de sa robe délicate, à la recherche d’une cuisse ronde. « Crois tu que je vais si facilement offrir ma vertu à une telle créature ? Répliqua-t-elle entre deux éclats de rire. La nymphe se tortillait. Le dieu répliqua. « Mais quelle créature ! Il approcha son visage du sien, un étrange sourire aux lèvres. Allons, laisse toi faire coquine, je te promets que tu ne le regretteras pas. La belle le toisa brièvement et, agile qu’elle était, échappa à l’étreinte de Pan, pour s’enfuir de plus belle. « L’orgueil ne te rend pas désirable. Lança-t-elle avant de disparaitre entre les arbres. Le dieu soupira, haussant les sourcils, d’un air lubrique. Cette nymphe lui donnait du fil à retordre et ce n’était pas pour déplaire au caprin. Cette fois ci, il veilla à s’appliquer dans le choix de sa cachette. Ainsi, lorsque la ravissante blonde passa à son côté, pensant le fuir, il lui sauta proprement dessus pour la faire choir. Le duo roula en silence dans l’herbe, jusqu’à ce qu’elle se trouve immobilisée sur le dos, Pan la surplombant. « Cette fois ci, tu ne m’échapperas pas. Glissa-t-il, tout en se penchant pour gouter à ses lèvres. Elle l’arrêta d’une main sur la bouche, l’index de l’autre barrant la sienne. « Chut ! Attend ! Elle jeta son regard brillant dans le noir. Nous ne sommes pas seuls. -Que ne vas-tu pas inventer… ça ne prend pas cette fois ci. Répliqua-t-il en embrassant son cou blanc. Elle le repoussa sans ménagement. « Quelle empressement ! -Tu érodes ma patience, belle Agape… La nymphe se releva malgré l’insistance de Pan. A pas de loup, elle approcha de la lisière. Par delà était une modeste retenue d’eau, qui s’écoulait lentement en aval. Un puissant chêne surplombait la scène et, sous sa bienveillante ramure, se tenait un couple. Pan passa la tête par-dessus l’épaule de celle qu’il espérait bientôt compter au nombre de ses conquêtes. Il soupira d’une pointe d’exaspération. « Deux mortels empotés, voila ce qui t’intrigue ? -Regarde les… insista la blonde. Ils sont si beaux. Ils semblent timides. Le dieu haussa un sourcil. « Tiens donc… fit-il. Ne serait ce pas Artémidore de Corinthe ? Les mortels ne parlent que de lui depuis quelque temps. Il vint saisir, de ses doigts habiles, le bout de sa barbe. La nymphe acquiesça, avant de reprendre. « Et voici Lydia, une des plus belles fleurs de Corinthe. Sa vertu est parvenue jusqu’aux oreilles des nymphes. Le regard de Pan se teinta d’une lueur étrange, comploteuse. « Les deux plus beaux morceaux de la cité, en romance secrète… Voila qui est intéressant. Allons-nous assister à une authentique tragédie ? Il vint attraper les hanches de la nymphe. Elle retint son cri, le dévisageant avec étonnement, tandis qu’il poursuivait. « Ou une romance des plus belles ? -Leur sort t’indiffère à ce point ? Pan attrapa la main de la blonde et la dévora de baiser. « Toute la question est plutôt de savoir pourquoi cela ne m’indiffèrerait pas. -Ils se sont sans doute retrouvé en secret pour préserver leur réputation. Fit-elle en les regardant. C’est peut être leur seule chance de vivre pleinement leur amour. Quel dommage qu’ils n’osent pas se déclarer. -Deux vierges effarouchés tentant de rompre la pudeur, voila bien un problème qui m’échappe. -Justement ! Le regard de la nymphe s’illumina. Tu pourrais intervenir dans leur romance… et faciliter leurs tendres aveux. Le dieu cornu était trop affairé à retrousser la soie de la robe de sa compagne pour daigner répondre et se contenta d’un grognement indistinct. La belle Agape poursuivit. « Après tout, n’ont-ils pas choisi ton territoire pour cela ? Le secret de la nature, la confidence du ruisseau… sous l’ombre du chêne bienveillant. Elle esquissa un sourire. Mais peut être que cela te dépasse. -Et en quoi ? Je te pris. Dit-il en levant la tête. La nymphe, satisfaite d’avoir obtenu la réaction escomptée, répliqua. « Tu accumules les conquêtes, mais les véritables choses de l’amour t’échappent. Sans vouloir t’offenser, noble Pan… -Essaierais-tu d’atteindre mon orgueil, pour que je pousse ces deux mortels à la fornication ? -Non, bien sur que non… En vérité… Elle se dégagea de ses bras, une fois de plus. « Je t’y force ! Elle se mit à rire. Ouvre leurs cœurs et je t’offrirais le mien. Le marché est équitable. Le dieu croisa les bras, se redressant de toute sa stature. Agape venait de disparaitre dans un tourbillon de feuille et de pétales, sous le regard sceptique de son partenaire de jeu. « Les femmes et leurs lubies… Songea-t-il à haute voix. Ce n’était pas la première fois qu’une nymphe mettait son amour à condition. Passablement contrarié, malgré tout, il s’en retourna épier le couple. Ce dernier demeurait dans la gêne. Leurs mots hésitants ne rencontraient que fuite du regard et distance excessive. Un bien mauvais départ… « Améliorons cette atmosphère. S’amusa Pan. Aussitôt, la lune chassa les nuages, répandant sur leurs têtes sa clarté bienfaisante. Le dieu souffla ensuite au creux de sa paume. Un millier de lucioles dorées s’en échappèrent, pour aller glisser autour des amoureux. L’espace semblait se transformer en un doux rêve. Un cocon éthéré, protégé de la réalité, des risques et des mœurs. Le caprin, fier de son effet, trouva posture agréable, sur la branche d’un arbre. Depuis sa cachette, Pan avait bonne vue sur toute la scène. Alors seulement, il se laissa aller à jouer de sa célèbre flute. L’air envouté était censé délivrer les cœurs du fardeau de la pudeur et dérouler, comme on le ferait d’une pelote de laine, le nœud des émotions contenues. Restait à voir si cela fonctionnerait.
Éros
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Sujet: Re: Amours [Pan & Éros] Dim 3 Mai 2015 - 11:51
Éros n’avait pourtant pas invoqué les éléments. Il comptait essentiellement sur les sentiments qu’il avait fait éclore dans les deux jeunes gens pour les pousser à prendre le bon chemin, ce qui semblait un peu peine perdue … il ne pouvait pas tout faire à leur place, tout de même ? Enfin si, il le pouvait, mais c’eut été fausser tout ce qu’il tentait de faire naitre en cette nuit. Leurs parents ne leurs avaient donc rien appris de ces choses là, pour qu’il semble timides à ce point ? Et si cela pouvait être pardonné pour une future prêtresse, que dire du jeune guerrier qui s’accordait en cet instant bien mal avec l’ardeur virile dont ses ainés faisaient leur apanage. Et pourtant, il semblait que tout autour d’eux ait décidé de se liguer avec l’Amour. Se pouvait il qu’une autre intervention divine soit à l’œuvre ? Cette lune qui baignait ainsi le jeune couple pouvait être l’œuvre de Séléné. Ou peut-être était-ce Éole qui s’était débarrassé des nuages et qui faisait danser les lucioles. A moins qu’Apollon et ses muses soient tous venus pour faire chanter les roseaux et les végétaux alentours en une envoutante mélodie.
Que ce soit ou non une conspiration divine, Éros ne serait pas en reste. Le dieu fit clapoter l’eau de la rivière sur les galets polis, sur la mélodie des roseaux, offrant un joli duo des plus entrainant. Les plantes ondulaient doucement sous la brise, comme envoutées elle-même par la mélodie qui semblait emplir la rive. Quelques fleurs, fort disposées, consentir à s’ouvrir renversant sur le sol leurs couleurs chaudes et leurs parfums, montrant aux deux tourtereaux la marche à suivre. L’Amour s’insinua plus profondément entre les deux humains bénis des dieux, leur étreignant le cœur, les élevant l’un vers l’autre.
Il n’était plus temps pour eux de déclarer leurs flammes et leurs poèmes, dont les parchemins griffonnés gisaient dorénavant sur le sol. Artémidore prit les mains de sa douce dans les siennes, alors que leurs regards se croisaient, et qu’ils plongeaient dans l’océan des yeux de leur partenaire.
Éros regarda le résultat et les effets, plutôt satisfait. Allongé sur sa branche, une jambe pendant dans le vide, et le menton calé sur sa main dans une attitude indolente, il inspectait tout, tenant à ce qu’aucun détail ne vienne ruiner ses plans. Il ne manquait plus pour parachever tout ça qu’une touche d’ardeur ...