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Pierre qui roule n'amasse pas mousse [ft Sisyphe]

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Antigone

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MessageSujet: Pierre qui roule n'amasse pas mousse [ft Sisyphe] Pierre qui roule n'amasse pas mousse [ft Sisyphe] Icon_minitime1Mer 1 Juil 2015 - 16:29

La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux!

Stéphane Mallarmée, Brise Marine

Tiens, c’est creux.


Il n’y a rien ici. La matière grise est sèche. Le vide est une étendue vertigineuse. Mais le vertige n’existe plus, alors le vide se contente d’être captivant.

Antigone est captive.

Tiens, c’est creux.


Elle redécouvre le néant entre ses deux oreilles à intervalle régulier. Elle pourrait être en train de devenir folle et ne pas s’en rendre compte. Elle s’abîme doucement.

Le chapeau de la cime est tombé dans l’abîme.
Tout ce qui monte redescend.
All men must die.
Cela ne prendra que quelques minutes. Tu vois, il suffit de bien serrer...
Tu vois, il suffit de bien serrer…
Bien serrer…
S e r r e r…


Les phrases se promènent bout à bout sans distinction. Elles n’ont pas de sens. Qu’est-ce que le sens ?

Les yeux grands ouverts, elle plonge. Ca irrite mais c’est plus beau ainsi. Elle nage et nage et nage vers le fond, la pression lui fait mal à la tête. Vers le fond.

Les yeux grands ouverts, elle frissonne. C’est froid mais c’est plus beau ainsi. Elle avance dans le vent glacial, dans la neige épaisse, la température lui compresse le crâne et engourdit ses doigts nus.

Les yeux grands ouverts, elle inhale. C’est fort mais c’est plus beau ainsi. Elle fume encore et encore et encore, trop vite, trop profondément, ça lui monte à la tête. La défonce lui va bien.

Les yeux grands ouverts, elle gémit. Ce n’est pas pudique mais c’est plus beau ainsi. L’amour lui plait, le frisson est grand, elle est trop jeune, tant pis. S’il savait.

Les yeux grands ouverts, elle défie le ciel. Ca fait peur mais c’est plus beau ainsi. La pluie qui lui tambourine sur le crâne lui chuchote qu’il n’est pas trop tard, qu’il n’a jamais été trop tard pour renoncer, mais elle se mord la lèvre et continue de s’enfoncer dans la tragédie.

Les yeux grands ouverts, elle observe l’Hadès qui l’emporte. C’est incompréhensible qu’elle en soit là. Tout est beau, tout est laid, tout est abscons. Elle s’éprend violemment de son meurtrier.


Antigone ouvre les yeux. Ils sont presque vides. Eteints. Ce n’est plus Antigone, c’est un petit morceau de glaise morte qui dessèche dans ce recoin du palais d’Hadès. La tête vide comme une bulle de savon, elle se meut jusqu’à la fenêtre sans intention. Elle voit sans regarder. Tout est vide, immobile, calme. Tout est sec. Une araignée tisse sa toile dans le crâne d’Antigone.

Elle est restée à la fenêtre des heures durant, peut-être des jours voire des mois, sans s’en rendre compte, avant que le fond de sa rétine n’enregistre le mouvement, là-bas. Toujours le même : une montée pénible, une redescente libre. Il n’y a plus de mots à mettre dessus, alors elle se concentre dessus ; il l’absorbe dans une contemplation sans fin, béate et absurde. Le mouvement devient la seule réalité de son existence. Telle une phalène, il la fascine et l’absorbe encore un peu plus. Le mouvement, c’est le début de la vie. Un engrenage entreprend de se dérouiller, l’araignée va être un peu gênée dans son travail.

Antigone regarde ; Antigone observe. Un peu d’activité s’immisce dans la passivité vitreuse de ses yeux. Elle comprend à nouveau le mouvement. C’est quand quelque chose bouge, se déplace, se meut. C’est une impulsion, une trajectoire, une direction. Le gris de sa peau se pare d’un peu d’éclat coloré. La tête lui tourne. Elle est ivre, il lui faut du mouvement avant que la sècheresse ne la regagne. Elle se lève, s’effondre, trouve ça merveilleux. Elle se relève, ne comprend pas ce qu’est un corps, redécouvre la difficulté, l’effort, la réussite, la fierté, l’absurdité. Antigone a fait un pas.

L’exultation est là, quelque part, attendant que le vide lui fasse un peu de place pour s’exprimer. Il faudra encore du temps, mais ça y est, elle est sortie. Elle est si transparente encore que personne ne l’a remarquée. Ou peut-être tout est-il mort ; les morts ne remarquent pas les choses.
Elle est sortie, elle a marché, elle a conquis un morceau des Enfers –par le sol et par l’esprit. Une des deux victoires est plus significative que l’autre.

Quelque part dans un étage supérieur, Perséphone enrage.

Spoiler:


Dernière édition par Antigone le Mer 1 Juil 2015 - 18:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Pierre qui roule n'amasse pas mousse [ft Sisyphe] Pierre qui roule n'amasse pas mousse [ft Sisyphe] Icon_minitime1Mer 1 Juil 2015 - 18:06

Ce serait mentir de dire que Sisyphe est magnanime et tolérant. Tout ce dont il n’a pas le contrôle l’énerve. Et aux dernière nouvelles, il n’a pas encore appris à contrôler la force gravitationnelle qui pourrait lui permettre de retenir son rocher préféré (entendez qu’il adore détester) en haut de la montagne. Et par extension, de pouvoir légitimement rendre son tablier.

« Fichtre, Hadès, as-tu vu? Boully s’est arrêté, c’est la grève, c’est la fin! C’est ma retraite!  Quelle charmante idée, je lui dirais ça, la prochaine fois. Il y a forcément un moyen de pouvoir empêcher Boully de tomber. Je cogiterais sur le sujet. »


Sisyphe se parlait à lui-même, encore et toujours. Certainement par peur de perdre la parole s’il se taisait. En même temps, qu’il se taise serait certainement des milliers de fois plus agréable pour tout le monde. Mais, pour rester dans le contexte, c’est à dire un contexte d’absurdité et d’éternel recommencement… eh bien, Sisyphe se mit à réfléchir au fait que si Boully se retrouve coincé ou brise, eh bien, il se verra remplacé par un autre Boully un jour ou l’autre.

« Ça, c’est une bonne question. Comment pourrais-je appeler le prochain Boully? Parce que appeler un autre Boully juste « Boully »... C’est un peu moche. Quelle idée de l'appeler ainsi, initialement? Qui est le demeuré qui a osé inventer un si vilain sobriquet? Boully Beta? Boully Lambda? Gamma? Boully II? Non, c’est un peu trop souverain, pour de simple rochers dénués de parole et d’intelligence. Contrairement à moi. »


L’insupportable pousseur de rocher se recoiffa en oubliant un court instant son travail, et manqua par la même occasion de se retrouver aplatit sous sa pierre menaçant de lui rouler dessus une bonne fois pour toute. Il émit un rire mi-effrayant, mi-enfantin en s’adressant à la grande roche.

« Boully, voudrais-tu ma mort, espèce de malotru?! Ne me regarde point ainsi, je sais que tu voulais faire exprès de crapahuter par-dessus ma dépouille! Sale pleutre! Profiter du fait que je regarde ailleurs, on aura tout vu! »

Les soliloques du mortel abruti par ses allers-retours incessants et aliénants du bas au sommet de sa montagne vrillaient les oreilles des autres occupants du Tartarre.

« Allons bon. Qu’ont-ils encore ceux-là. Ne sont-ils pas seulement jaloux du fait que je puisse m’élever si haut pour les observer depuis mon estrade immense? Au moins, ça, ça me convient. Les autres, ils sont juste jaloux. Vous êtes jalouuuuuux! Et moi, je suis fabuleux. »


Les noms d’oiseau fusèrent sans surprise à destination de l’ex-souverain de Corinthe qui s’offusqua de tant de vulgarité avant de continuer son œuvre. Se marmonnant d’un ton doucereux qu’il serait bientôt arrivé tout en haut, et qu’il est le meilleur. Et qu’il pourrait se reposer une fois arrivé. Il avait appris, un peu, à aimer la vue qui s’offrait à lui du haut de cette montagne. Ça ne vaut pas sa si belle Corinthe, bien évidemment, son fief qui lui manque tant. Surtout son boudoir, son bain privé, sa chambre personnelle, sa statue de marbre… Le reste? Mérope son épouse, ses enfants? Oh, oui, un petit peu… Mais c’est quand même moins important, pas vrai?

« Décidément, je suis un effroyable être humain. »


Fit-il avec un sourire d’un calme dérangeant, savourant chacun de ses mots. Il cligna des yeux et releva la tête. C’était le sommet, encore une fois. Quel ennui. Ou est le soleil? Ou est le ciel? Sisyphe soupira et baissa les yeux vers le plancher des vaches, vers ces petites silhouettes grouillant dans les chemins du Tartare, sortant du palais. Quelle est cette âme qui semble différente des autres? Qu’on esquive, qu’on ne remarque qu’à peine? Elle semble venir dans sa direction. Un bruit familier se fait entendre dans le dos du mortel pousseur de rocher. Un soupire excessif et sonore raisonna dans le Tartare. Machinalement, il se mettait déjà à entamer sa descente.

« Ding-dong. Fin de la pause Sisyphe. Il te faut désormais redescendre tout en bas, reprendre ce rocher, et le ramener tout en haut. Je proteste votre excellence, je suis une meilleure excellence que vous! Ce n’est pas une vie. Pas une vie. PAS. UNE. VIE. Allons, ne vous formalisez pas tant… De toute façon, rendons tous Sisyphe plus fou encore qu’il ne l’est déjà… Tout le monde s’en fiche, n’est-ce pas? Quel ennui. Mais quel ennui ♪ »

Et le voici de nouveau en bas, encore en train de fredonner, sur ce plancher des vache qui le ramène encore et toujours à son statut de mortel. Oh, comme il le déteste, ce plancher de rocaille poussiéreuse et indécente. Où est-elle, maintenant, cette autre âme qui semblait si ennuyée? Ne venait-elle pas lui rendre visite?

« Ne venais-tu pas me rendre visite? »

Lança-t-il, à tout hasard, en s’avachissant sur sa roche de taille humaine, penchant la tête sur le côté en posant son regard enfantin brillant sur cette étrange silhouette qu’il apercevait encore de loin. Parlant encore et toujours pour lui-même, ce n’est pas car il s’était mis à la fixer qu’il espérait qu’on l’entende. On verrait peut-être bouger ses lèvres, tout au plus. Au mieux, on déchiffrerait des paroles dénuées de sens.

« Si tu venais me voir, on pourrait peut-être jouer? Je veux m’amuser. N’importe qui peut m’amuser, même le rocher le plus imperméable du monde. Alors toi aussi, tu peux m’amuser, non? Je saurais te changer en jouet, je te le promets, petite silhouette. »

Actuellement, Sisyphe s'ennuie terriblement. Et il en est horriblement contrarié. Il ne contrôle pas l'ennui. Donc, l'ennuie l’énerve, on en revient toujours à la même chose.


Spoiler:
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MessageSujet: Re: Pierre qui roule n'amasse pas mousse [ft Sisyphe] Pierre qui roule n'amasse pas mousse [ft Sisyphe] Icon_minitime1Ven 17 Juil 2015 - 21:27

Antigone est une source d’opinions depuis toujours et pour tous. Les gens ont sur elle des idées préfabriquées, emballées dans du plastique, sous vide, disponibles à l’identique des centaines de fois dans les rayonnages et prêtes à être réchauffées et servies n’importe quand. C’est un peu fade mais pratique, sans danger, et ça ne coûte pas cher. Avoir une opinion, ça occupe.

Elle est donc un passe-temps fort apprécié. Parfois, au lieu de se disputer à cause d’elle, on joue avec elle ou on se joue d’elle. La petite poupée de chiffon a amusé des dizaines de personnes très importantes qui s’ennuyaient ou se trouvaient simplement fascinées par sa conduite et ses manières.

Antigone est votre parti pris. C’est le tribut de sa célébrité.

Elle n’est pas celui de Sisyphe pourtant, l’éternel titan galérien qui a bien perçu dès le premier coup d’œil, alors qu’elle n’était encore qu’un petit point au loin, comme cette âme –ou ce qu’il en reste- est fragile et sans défense. Comme il serait facile, maintenant qu’il ne reste que quelques cendres de son esprit d’antan, de tout disperser en un souffle. On pourrait l’attraper et la faire danser des semaines durant, l’asseoir à une table en plastique avec des ours en peluche autour d’une dinette rose ou bleue, l’oublier et la laisser prendre la poussière dans un vieux coffre avec des petits trains cassés et des chiffons rapiécés, la câliner, lui brosser les cheveux, l’enfermer dans un carton, la faire tomber par terre tant et tant qu’elle finisse par se casser, sans qu’elle ne réagisse ni ne bronche. C’est pour l’instant dans sa tête que cela se passe.

Alors elle marche, parce qu’elle ressent confusément un besoin de perceptions. La privation sensorielle est une torture qui a fait des ravages sur elle sans qu’elle s’en rende compte, dans l’apathie totale où elle était. Chaque pas est une victoire, mais une victoire morte. Elle ne quitte pas son cap des yeux. C’est la silhouette là-bas, qui a l’air de danser quand elle marche et dont les acrobaties autour du rocher qu’elle remonte captent le regard d’Antigone. Il joue. Elle ne sait plus ce qu’est jouer. Elle garde les yeux ouverts, mais c’est là tout ce qu’elle est capable de faire. Avec marcher.

Elle voit ses lèvres remuer mais aucun son en sortir. Antigone est sourde, elle serait aveugle si elle ne s’était pas si bien entrainée à garder les yeux ouverts sa vie durant. Elle respire fort et son air en est d’autant plus hagard. Elle cherche à faire rentrer de l’air dans ses poumons, c’était un réflexe avant qu’elle ne croise le chemin d’Hadès, maintenant c’est inutile. Si sa conscience parvenait à s’élever à la réflexivité, elle se trouverait ridicule de mimer ainsi les attitudes d’une vivante.

La mort a laissé un ersatz d’Antigone. L’important n’est pas ce morceau de rien aussi lourd qu’un souffle de vent mais la signification qui se cache à l’intérieur, et dont elle-même n’a pas idée, non plus que Sisyphe qui continue de l’observer avec curiosité et de l’exhorter au jeu sans se douter qu’elle n’est en mesure ni d’entendre, ni d’écouter, ni de comprendre. Il n’est pas mort lui, juste condamné. Elle, elle ne l’est plus.

Antigone arrive au niveau de Sisyphe. Le mouvement qui s’est initié en elle n’a pas comblé le vide mais l’a révélé, et elle a redécouvert le vertige.

Elle lui passe devant. Elle le voit mais ne le comprends pas. Le rocher est toujours là, inerte comme elle. Sisyphe la voit grimper dessus sans lui adresser un regard puis s’y asseoir en tailleur. Sans mouvement, la sécheresse insidieuse veut s’immiscer à nouveau en elle. C’est à ce moment là qu’elle découvre Sisyphe, après un silence de lutte intérieure durant lequel son regard a failli s’éteindre. Il semble intéressé par ce qu’elle fait. Est-il mort ? N’est-il rien d’autre qu’une marionnette, un mouvement, un leurre, une impulsion, un écran de fumée qui va s’évanouir ?

Elle voudrait parler, lui dire sa prime sympathie, lui demander s’il est vide lui aussi, lui dire qu’ils peuvent s’entraider s’il veut, qu’elle veut bien essayer de maintenir avec lui le vertige, qu’ils pourront, s’il veut, monter tout là-haut, au sommet de cette montagne, et rechercher l’ivresse, qu’ils ne s’éteindront pas, qu’ils défieront et demeureront, sans même savoir pourquoi elle cherche à faire cela. Elle ne parvient pas à prononcer un mot. Au fond de son regard se distingue seulement une urgence infinie dont elle ne saisit même pas la teneur. Ca la terrorise.

Elle a cessé de faire semblant de respirer. Les lèvres entrouvertes, elle goûte à l’air nouveau. Il est là, il se tient devant elle, il est inaccessible. Puisqu’elle ne peut l’entendre ou lui parler, elle le touchera.

Il est trop grand, elle se hisse sur le caillou, debout. De toute sa hauteur, juchée sur Boully, C’est à peine si elle pleut planter son regard dans le sien. Son bras s’étire lentement, sa paume se pose légèrement sur la joue étrangère, et elle y demeure.

Choubidouwah:
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MessageSujet: Re: Pierre qui roule n'amasse pas mousse [ft Sisyphe] Pierre qui roule n'amasse pas mousse [ft Sisyphe] Icon_minitime1Mer 29 Juil 2015 - 16:58

Finalement, la silhouette décide de s’approcher, et Sisyphe fait un peu moins le malin. Et si elle l’avait entendu marmonner? C’est possible, vu toutes les bizarreries qui existent en cet univers étrange, que cette jeune femme ait une ouïe surdéveloppée. Qu’on l’ait entendu ne dérange pas plus le prisonnier, car on entend déjà ses simagrées à longueur de journée, et il prend un malin plaisir à continuer pour le simple plaisir d’ennuyer le reste du monde. Et puis, ici, c’est la seule façon qu’il a de se distraire et de ne pas tourner plus fou qu’il ne l’est déjà, de s’écouter parler. La seule preuve qu’il ait qu’il est encore lui-même, et qu’il s’inscrit encore dans quelconque réalité. Il n’y a rien à voler, ici, et ses congénères sont a peu près aussi vifs que des centaures mal formés qu’on aurait abandonné à la naissance (la narratrice non plus n’a aucune idée de si cette comparaison vaut quelque chose). Mais, donc, pour revenir à ce dont on parlait au départ : Sisyphe s’était tu en voyant la jeune femme venir vers lui avec sa démarche fantomatique. A vrai dire, personne ne vient jamais le voir. Si il parle tant, c’est aussi par peur de ne plus savoir s’adresser dignement, de perdre tout humanité et son intelligence avec. Parler, c’est rester lui-même, rester jeune et vif. Mais voila : qu’on s’intéresse à lui sans malice est déjà assez miraculeux comme ça.

Le criminel disparut un instant derrière son rocher, et passa une main dans ses cheveux pour se recoiffer brièvement, et il se regarda dans un éclat de glace qu’il avait chapardé il ne sait plus ou pour vérifier si il avait sa classe habituelle de souverain de Corinthe bien inscrite sur son visage. Il se releva aussi vite qu’il s’était abaissé, et tomba directement les yeux dans le regard sombre et sans fond de l’ex-princesse Thébienne. Il sursauta et fit un pas vers l’arrière sous le coup de la surprise.

« AH! Tu es déjà là, toi? Mais par ou es-tu entrée dans mon honorable demeure? Je t’en prie, assieds-toi et fais comme si tu étais chez toi! »

Ou plutôt, derrière ses sarcasmes, il rejette la faute sur elle car il n’assume pas d’avoir passé de longues minutes à s’observer. Quand à son honorable demeure… Oui, c’est les quelques mètres carrés de cailloux et ce gros rocher occupent. Très honorable, en effet. Mais, dans la tête de Sisyphe, tout ça était serti d’or et de rubis, avec des petits géraniums aux coins. Il étendit son sourire mielleux sur son visage et observa Antigone en se perdant dans ses yeux. Son regard est morne, et elle, muette. Le type trop bavard et la muette, donc. Sisyphe fronça les sourcils. Est-ce qu’elle allait parler ou non? Il prit la pose en s’accoudant, très soigneux de lui-même, dans cesser de fixer la jeune femme.

« Sans vouloir te sortir le lyrisme théâtral à faire pleurer dans les chaumières, chère Antigone, je crois bien que tu es la première à me rendre visite ici. Pourquoi personne ne vient voir quelqu'un d'aussi fabuleux que moi? Enfin la solitude, c’est quelque chose que tu connais bien n’est-ce pas? »

Ses tirades plus courtes qu’à l’accoutumée, le criminel se recoiffa d’une main pour meubler son silence, avant de continuer à parler.

« Alors, toi, quelle est ton secret pour ne pas continuer de t’enfoncer dans la démence, dans cet endroit sans ciel et sans air? »

Ayayaya:
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MessageSujet: Re: Pierre qui roule n'amasse pas mousse [ft Sisyphe] Pierre qui roule n'amasse pas mousse [ft Sisyphe] Icon_minitime1Dim 30 Aoû 2015 - 13:12

Elle tressaillit.

Un mot avait retenu son attention, un mot qu’elle avait reconnu. Antigone.

Elle eut l’air de se réveiller. Parmi la mélasse qui se mélangeait pêle-mêle dans sa tête, elle put distinguer quelques sons qui semblaient familiers entre eux.

Solitude. Secret. Démence. Ciel. Air.

Elle fronça les sourcils. Avec un peu de concentration, elle pourrait peut-être les parer de sens…

« La solitude... »

Sa voix était un murmure éraillé mais elle était elle-même étonnée d’avoir pu prononcer un mot. Oui, oui elle connaissait la solitude. C’était même son pain quotidien depuis qu’elle était née. Elle avait toujours été seule dans sa tête, seule dans son monde, seule à percevoir les choses à sa façon, seule à se battre contre des moulins à vent, et peu importait que cette solitude soit le fruit d’un rejet systématique d’autrui. C’était toujours elle face au reste du monde.

Il semblait relativement évident, pour tout observateur extérieur doué d’une forme d’intelligence, qu’elle ne s’était pas encore tout à fait tirée de la démence.

Déjà la surdité s’estompait mais elle était épuisée par l’effort incroyable qu’elle avait fait pour prononcer deux malheureux mots. Elle sentait bien qu’elle n’en était pas encore là, pas encore à la parole. Mais communiquer, il essayait de communiquer avec elle et cet état de fait ne lui permettait pas de ne pas lui rendre la pareille. C’est ce que font les gens qui existent.

Parvenir à s’exprimer devenait une urgence, et ne pas savoir comment une angoisse qui montait dans sa poitrine. Tout allait redevenir noir si elle ne trouvait pas rapidement un moyen et rien, absolument rien n’était pire que cette obscurité là. Elle aurait préféré mille fois revivre la strangulation, revivre le froid, la faim, le manque ou la soif. Elle eut mieux aimé même naître étroite d’esprit, sotte ou bornée, n’importe quoi valait mieux que ce non état qu’elle n’avait pas encore franchement quitté et dont la vague étouffante la menaçait un peu plus à chaque seconde qu’elle laissait filer entre les questions de Sisyphe et son propre silence.

Avant de perdre totalement pied, elle se laissa alors glisser au sol, quittant le caillou sur lequel elle avait failli se fondre de nouveau dans la léthargie des Enfers. Un réflexe nécessaire et impératif la fit s’effondrer vers le sol plus que s’accroupir, et du bout du doigt tracer des formes maladroites dans la poussière, qu’elle espérait que son interlocuteur saurait décoder.

Tu me connais ?

Après tout il lui parlait de sa solitude d’un air entendu comme s’il y avait longtemps qu’il savait de quoi il en retournait. Elle, elle ne le connaissait pas.

Je suis Antigone.

L’emploi du je fut un tremblement de terre dans la tête d’Antigone, un coup de hachoir tranchant entre elle et son environnement. Dire « je », c’est affirmer catégoriquement que l’on existe en-dehors de tout le reste. Aux Enfers, dire « je », c’était constater qu’on ne se fondait plus dans le décor, c’était cesser de se faire phagocyter le cerveau, le corps et l’âme. C’était se retrouver seul, au plus bas, mais bien réel. Ce n’était pas être en vie, non, c’était juste reconnaitre une individualité perdue.

Que fais-tu ?

Il lui fallait demeurer concise, mais imperturbablement elle continuait de tracer de grandes lettres puis de les effacer d’un revers de main à la fin de la phrase.

Son regard se perdit un instant et croisa le rocher qu’elle venait de quitter. C’était peut-être grâce à lui si elle en était jusque là. Tout n’était pas gagné, mais quelques défaites avaient été repoussées. Elle le montra du doigt avant de se repencher pour reprendre ses élucubrations.

C’est le mouvement.

Elle effaça à nouveau. Puis elle écrivit une dernière phrase, avant de regarder avec insistance le titan pour être sûre qu’il avait bien compris l’importance de ce qu’elle était en train de lui expliquer.

C’est terriblement important.

Fait amusant, elle se retrouvait à gratter la terre pour échapper à l’emprise des Enfers alors que c’était pour ce même motif qu’elle s’y était retrouvée.
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MessageSujet: Re: Pierre qui roule n'amasse pas mousse [ft Sisyphe] Pierre qui roule n'amasse pas mousse [ft Sisyphe] Icon_minitime1Dim 20 Sep 2015 - 17:03

De manière générale, Sisyphe rencontre un certain nombre de réactions connues face à son flot de parole imposant. Les syndromes les plus généraux et fréquents de ses interlocuteurs sont les suivants : grogner, rouler des yeux, ignorer d’un air condescendant, demander à l’ancien souverain de cesser de parler dans des registres plus ou moins polis, de la répartie ou non, bref.. Que ce soit en bien ou en mal, Sisyphe a l’habitude de faire réagir les gens. Aussi, l’absence totale ou presque de réponse sur le visage d’Antigone lui fit tirer une moue mi-déçue, mi-agacée. Ses mots avaient eu l’air de la traverser, probablement qu’elle n’écoutait pas. Probablement que comme elle, il n’était plus qu’une ombre dont on ignore les gesticulations et les interjections nasillardes. Et franchement, sur le coup, ça commence a le préoccuper. L’ex souverain déglutit avec difficulté sans comprendre comment il pouvait bien décrypter l’être face à lui, assise en tailleur sur le rocher, froide agréable à regarder comme une statue de marbre. Il lui sembla qu’un minuscule chuchotement sorti d’elle, pourtant, qu’il ne parvint pas a déchiffrer. Mais probablement que la réaction qu’il attendait se trouvait là. Antigone était devenue pour lui une curiosité, une science à décortiquer. L’espace de quelques instants, ils se vit dévisagé, puis la frêle silhouette descendit de son perchoir pour retourner à terre, menaçant de se briser en rencontrant le sol à nouveau. Sisyphe ne l’aida pas pour autant et resta planté là, accoudé à son compagnon rocheux, observant le curieux animal aux cheveux de geais se mouvoir, prudente telle une branche asséchée. Il n’eut pas le temps de placer un nouveau soliloque, alors, car les signes que s’était mise à tracer le doigt de la jeune femme dans la terre poussiéreuse et mélangée de sang coagulé -–le sien, et celui d’autre suppliciés- attira son attention. C’est donc ainsi qu’Antigone parlait, par ces phrases si courtes et sans relief, sans intonation.

« Évidemment, je te connais, Antigone, la fille de Thèbes. J’ai l’habitude de retenir le nom et le visage des gens qui me ressemblent : ceux qui osent défier ce qui se trouve au dessus de leur tête. Pour quelqu’un d’aussi incroyable que moi, avoir bonne mémoire est la moindre des choses. »


A ses répliques trop longues commencèrent à s’alterner les courts laïus écrits de la Thébienne rebelle. Un étrange dialogue qui commença là, entre le tyran bavard à l’insurgée muette. Inutile de demander ce que Sisyphe fait de ses journées. Il n’en sait rien. Ses journées ne sont plus qu’un nombre d’heure de travail, alternant supplice et fatigue. A force, il ne sent plus son corps, et s’aliéner l’esprit en se berçant de compte est la meilleure chose à faire pour lui, histoire de ne pas se retrouver rendu à la discgrâce de mordre la poussière devant tous les habitants des Enfers. Une tâche bien ingrate et tellement absurde qu’on lui a confié. Une tâche complètement inutile, quoi qu’il en dira. Il pourra bien soutenir mille fois que sa seule présence vaut le coup d’observer cette montée et cette descente de rocher… Cela reste inutile, et lui-même en a pleinement confiance. Mais non. Pour Antigone, toute cette plaisanterie de mauvais goût, c’est important. Non. Terriblement important. En écrivant, la jeune femme avait tout le temps de peser ses mots. Elle n’est pas de celle qui ment. Et son affirmation fit revenir un sourire énorme sur le visage de l’ex-souverain. Un sourire pourtant qui ne se voulait ni moqueur ni sournois. Un sourire simple.

« Mais ce n’est pas moi qui suis important, n’est-ce pas? Tout ce qui t’importe, c’est de voir ce rocher se pointer en haut de la montagne! »

Il émit un rire amer et partit s’assoir contre son compagnon d’infortune.

« Sisyphe, tu es tombé plus bas qu’un rocher dans les yeux d’une enfant… Je devrais probablement m’applaudir, qu’en penses-tu, jeune Antigone? Applaudis-moi. Applaudis le souverain déchu qui te sert de repère dans ta propre nuit. Peut-être qu’en sonnant le rappel, je danserais encore! Ou pas. Un roi ne danse pas pour le plaisir des autres. »

Son sourire s’envenima et il claque de la langue en portant un regard sévère sur Antigone. Elle aussi pense qu’il n’est qu’une farce, après tout.
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Pierre qui roule n'amasse pas mousse [ft Sisyphe]

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