Fondatrice Despoïna Date d'inscription : 23/05/2012 Messages : 233 Crédits graphiques : Lourdes Saraiva Double compte : Thémis Feuille de personnageAttaque: 0Défense: 0 | Sujet: Concours n°1 : Les participations. Mer 27 Juin 2012 - 21:59 | |
| Bonjour à tous, Je tiens d’abord à remercier et à féliciter les personnes qui ont été assez courageuses pour se lancer dans ce concours difficile. Pour vous récompenser de cet effort, les cinq participants seront récompensés. Avant de vous présenter les textes de nos cinq candidats (j'ai préféré laisser les épopées anonymes pour éviter le favoritisme et les votes par copinage), je vais vous expliquer comment va se dérouler la suite du concours.
Comment voter ? Envoyez moi un message privé, dans lequel vous notez sur 20 chacune des participations. N'oubliez pas de commenter par quelques phrases pour expliquer votre note (Pas de notes injustifiées, merci). Pas besoin de vous faire un tableau, je pense que vous avez compris : Vous devez m'envoyer 5 notes accompagnées de 5 petits commentaires (je ne vous demande pas de m'écrire de dissertations sur chaque texte hein, juste quelques phrases). Si vous avez participé au concours, il est également possible de voter, mais cela va de soi, vous ne pouvez pas noter votre propre participation. Si vous avez participé, vous m'enverrez donc 4 notes et 4 commentaires. Pour encourager les membres à voter, j'ai décidé d'ajouter 1 Zeus d'Or à chaque votant.
Comment noter ? Je vous conseille de vous appuyer sur ces critères : le style, la forme, les rimes, l'orthographe, le choix de mots, la syntaxe, la cohérence, l'intérêt de l'histoire, ... A vous de voir
Ce sujet Sur ce sujet, vous pouvez exprimer votre opinion sur les textes, mais vous ne pouvez en aucun cas révéler : 1. que vous êtes l'auteur de telle ou telle épopée. 2. les notes que vous allez attribuer. En revanche vous pouvez dire que telle ou telle épopée vous plait / déplait, et également me poser des questions si vous en avez. N'oubliez pas de m'envoyer vos notes PAR MP et non sur ce sujet. Merci.
Jusqu'à quand voter ? Vous avez jusqu'au 13 juillet pour m'envoyer vos votes. Les résultats seront publiés le 14 ou le 15 juillet.
Je pense que vous savez tout maintenant, alors je passe aux épopées (elles sont publiées dans un ordre purement aléatoire, c'est Momus qui a tiré au sort):
Epopée n°1
Qui aurait osé dire que cet homme, cet enfançon Aurait un jour mené ses pas plus haut que les pinsons ? C’est en faisant fi des trahisons Que le jeune homme se détourna des coups de bâtons. Par monts et par vaux il voyagea Qui aurait pu dire où le mèneraient ses pas ? Il fut d’abord un leurre, un appât De son air candide, personne ne fut las Puis il se détourna de cette masse Celle des bandits où il ne trouvait plus sa place Nul ne pouvait faire face Aux monstres avec tant de grâce Grâce, me questionnez-vous ? Car oui, je ne mentirais pour un sou En affirmant que ses gestes étaient un tout Dans chacun on pouvait reconnaitre le loup Que le plus vil, le plus méchant Celui qui n’aurait pas eu de cesse de montrer ses dents N’aurait laissé échapper aucun ricanement Pourtant cela ne dura qu’un temps Car ayant tout pour lui, le gamin Le môme, le morveux, le sagouin Attira malheureusement le regard du Malin Il ne s’était pas emparé de la voie du paladin Trop longtemps il avait détourné les yeux De la route sacrée de Dieu Il faillit se faire transpercer par un pieu Son corps élancé attirait tous les yeux De nombreux coups d’épées l’accueillirent Lorsqu’il tenta sa chance sans faillir Personne ne le verrait périr Tant qu’il n’aurait pas laissé échapper un dernier rire, Un autre regard moqueur, Car le gamin, encore et toujours n’avait pas peur Il savait où le menaient ses leurres Que les hommes finirent par le nommer malheur On se détourna de son beau visage Le temps fit dans son âme des ravages Fini les jeux de son âge Il devint peu à peu un homme sage L’enfant, aux yeux des hommes Prit la voie des fantômes Afin de montrer qu’il n’avait pas besoin d’aumône Pour monter à son tour sur le trône Ses pas le menèrent au plus profond des fossés Ces endroits d’où les plus valeureux ne revenaient jamais Il n’hésita pas un instant à sauter Lorsque ses aventures l’amenèrent à pactiser Avec le pire des hommes, celui dont on ne savait le nom Qu’on nommait par crainte l’Ombre, la Mort ou le Pont C’était lui qui menait vers l’éternelle prison Celle d’où même les rois ne pourraient planifier leur évasion Le môme brava donc la Mort Il n’hésita pas un instant face au sort Si c’était cela qu’il fallait pour qu’on cesse de le juger, alors Il ferait tout, jusqu’à sacrifier son corps Ne venez pas me dire qu’il avait tort, le Petit Il avait dans ses aventures grandit On ne change pas ainsi les avis Un surnom reste quel qu’en soit le prix Armé seulement d’une épée D’une armure, d’un casque, d’un bouclier Il osa faire face au dragon d’acier Celui qui terrorisait toute la vallée Mais ses exploits ne cessèrent pas là En effet, peu importe où le menaient ses pas Il pouvait trouver un monstre qu’il fallait faire passer à trépas Quand ce n’était pas un dragon, un orc, un malfrat Il devait faire face au gardien des fables Celui qui s’était aventuré trop loin dans les sables Ceux de l’oubli, de l’inconscience et de l’impalpable Chacun savait qu’il avait été aimable Jusqu’à qu’un ‘Je ne crois pas aux fées’ Lui fit oublier son but premier Par les mots et les histoires charmer Car dans son monde, il était un sorcier Celui qui entrelaçait les mots Leur donnait vie au plus haut Il dû faire face aux plus sots Eux, le jugèrent par ses oripeaux Ils lui dirent : ‘va t-en, magicien’ ‘on sait tous que tu ne feras rien de bien’ ‘plus personne ne veut faire le lien’ ‘avec la magie des temps anciens’ Ce fut ce dernier adversaire Que le Petit dû mettre à terre Il était difficile de faire disparaitre la Mère Celle représentée par les magiciens, ses pairs La Mère ? Celle qui donna contes et légendes Celle que l’on nomme à présent Propagande Il a bien fallu qu’elle modifie ses harangues Elle avait toujours été habile, sa langue Malheureusement les sorts, les potions et les enchantements N’impressionnaient plus que les enfants Le Dernier Sorcier, qui relayait les derniers crans S’opposa à ce changement Le Petit ne partit pas cette fois, Armé d’un coutelas Il prépara avec astuce et grands fracas Son arrivée dans l’arène du trépas Il usa de force ruses Pour tromper le gardien des Muses Celui qui pleure, celui qui use Lui qui ne voulait que des excuses Le Gamin utilisa ce qu’on appelait le Moderne Pour donner un dernier coup de grâce, y mettre un terme Il fallait savoir s’avouer vaincu, disait-il d’un ton ferme Savoir quand la fin de son temps nous enferme Dans le monde de l’oubli Cesser de pousser ces cris De chercher à survivre à tout prix Chacun son heure, la Mort a dit ‘Je la connais bien’ ‘Partons ensemble, main dans la main’ ‘Elle nous laissera faire un petit bout de chemin’ ‘Puis nous reprendra tous les deux au matin’ ‘Je ne suis moi aussi destiné à disparaitre’ ‘Les chevaliers, les druides, les reitres’ ‘Ainsi que les esprits de la nature ne sont plus les maitres’ ‘C’est un nouveau monde qui est en train de naitre’ Ce fut ainsi qu’il triompha de plus tenace des opposants Qui pourtant ne versait que rarement du sang Dans ses mots se mêlaient le noir, le blanc Le petit, le fort, le maigre, le grand Sa magie était celle de l’histoire Qui disparut pour laisser place à un autre espoir Il l’avait été, l’espoir, mais dorénavant il devait choir Il faut me croire Ce Petit, c’est nous, c’est vous, c’est moi Celui qui n’a pas encore fait une croix Sur l’imagination, ne l’attaque pas comme une proie Se contente de l’apprivoiser avec foi Qu’un jour peut-être, tel le phœnix L’homme cessera toutes rixes Posera l’arme de fer, d’acier et d’onyx Pour sortir du Styx Le dernier magicien et le Petit Ceux qui rêvent et ceux qui rient Ceux qui croient et ceux qui prient Car pour eux il n’y a pas d’on-dit Il n’existe qu’une seule chose Qu’il soit dit en vers ou en prose: Le Rêve, cette osmose J’espère que vous serez de ceux qui osent
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Épopée n°2
Ô Seigneur, vous plairait-il d’entendre l’histoire, D’Henrik, fils du roi Grégoire, Qui régna sur L’Allandrie lointaine au-delà de la mort Ayant pris l’aspect d’une statue en or Peu sont ceux qui connaissent son voyage Moi qui l’ai appris de la bouche d’un mage, Je ne vous en dirai que des faits certains. Figurez-vous l’Allandrie, lors d’un beau matin Le jeune Henrik, tout de pourpre vêtu, Va à la fenêtre, lève son front têtu. Et découvre des rires étouffés qui l’assaillent. «Par Dieu!» crie t-il -ce prince parlait fort mal Quand donc s’arrêteront ces bruits ? Parce que j’ai refusé d’aider quatre jeunes filles En proie à un serpent, sur la place du marché Parce que je ne passe pas mes journées A galoper sur de fiers alezans, On me traite de lâche et les enfants, Eux-mêmes rient sur mon passage Je suis la risée de mon propre village!» Un vieux sage consulté se montra peu aidant. Il connaissait certains cas précédents. Soucieux de montrer qu’on lui faisait du tort, Henrik décida de s’embarquer à bord, D’un des vaisseaux de son père, le plus faible -à dessein- Manière de prouver que lui ne craignait rien ! Ayant recruté parmi son équipage, Nombreux repris de justice et nombreux petits pages, Il cria au peuple, rassemblé sur le quai: «Je ne reviendrai pas sans la tête du Roquais!» Las, le Roquais, ce monstre fabuleux, Qui hante les cavernes d’un îlot ténébreux Ceux qui l’ont rencontré ne sont plus là pour dire A quoi il ressemblait, ou bien s’il sait sourire, Ils sont morts malheureux, et c’est sans doute le sort Qui attend notre prince à la sortie du port !
Ils naviguaient, au milieu des flots vengeurs Perdant peu à peu leur ferveur Sept des marins rencontrèrent leur fin Victimes de requins Pourtant Henrik gardait foi en l’avenir, Et en l’épée offerte par son aïeul Samir. Elle seule, dit-il au second, homme d’expérience Serait capable d’abréger l’existence Du Roquais. Le vieux l’écoute sans un mot. Car quel danger menace leur bateau? Le souffle d’une tempête, venant du bout du monde, Menace d’écraser leur précieuse mappemonde. On lève les voiles! On crie! On court à l’intérieur! Choqué, Henrik se moque de leur frayeur. Il les rejoint pourtant -Le danger était grand- «Homme sans raison», le sermonne le second, De se risquer sur cette embarcation! Nous serons chanceux, si nous voyons demain.» Pour le rassurer, Henrik frappe dans ses mains. A grand renfort de cire et de ficelle, Il fabrique rapidement une voile nouvelle, Et quand le soleil enfin transperce les nuages C’est un navire entier qui reprend le voyage. Ravis, les marins veulent boire à sa santé, Ils crient son nom, le second le premier, Mais Henrik leur dit de mettre de côté, Ce peu de vin qu’ils ont maintenant, Et devra leur durer au moins deux ans.
Il est long le chemin, jusqu’à l’île du Roquais, Et nos voyageurs décident de s’arrêter, Sur les terres riantes du bon roi Grigou, Ce souverain très pieux, accueille selon son goût, Ceux qui osent s’amener chez lui, Il peut être excellent ou bien plein d’infamie, Quand il apprend le pari qu’a lancé notre héros, Il devient irrité et prononce ces mots: «Voilà bien une histoire inutile, Tu délaisses ton peuple pour courir vers une île, Qui peut-être, n’existe même pas.» A ce moment, son regard aperçoit, Son aînée Irina, une jeune fille aux yeux bleus, Qui se tient en respect, rêveuse, devant le feu, Depuis des années, il cherche à la marier, Et n’a pu trouvé candidate qui lui grée, Car la fille est comme son père, excessive, Inspirant la terreur aux gens de leur rive, «Voilà mon marché, dit-il à son hôte, Prends-donc ma fille comme épouse et, sans faute, Pour vous, je ferai le nécessaire, Il y aura un festin, un bal, des trouvères» Poussé par ses hommes, Henrik accepte enfin. Et, quoique guère convaincu, il attrappe la main, De sa jeune fiancée, qui sourit aux anges. La fête commence: on danse et puis l’on mange, Au petit matin, le prince veut repartir, Il recharge, à tâtons, son navire, Quelle n’est pas sa surprise, de trouver dans les cordages, Sa femme, qui lui tient aussitôt cet adage: «Dans notre pays, les époux ne se séparent jamais Je vous accompagne donc jusqu’à l’île du Roquais» Rien ne sert de discuter: on l’embarque donc, Sous les chants des tisseuses de jonc.
Il le traquait, un an durant, sans l’ombre d’un combat, Quand à minuit soudain, un marin déchira Le silence. Terre ! disait-il. Et un îlot obscur, Apparut de nulle part, tandis qu’une voix dure, Criait: »Qui vient troubler mon repos ?» A peine réveillé, Henrik ne souffla mot, Il monta lentement sur le parapet, Et approcha du monstre sa précieuse épée. Il le blesse ! Las ! Le Roquais s’enhardit, Il cherche à lui montrer qui est le maître ici, Crache des flammes, près desquelles un dragon, Lui-même se brûlerait les ailerons, Henrik esquive le coup, de même quand le Roquais, D’une patte, cherche à le faire trébucher, Il se bat comme ses marins ont rarement vu le faire ! Hélas, cela semble être la fin de leur affaire ! Car voilà que la créature, habile et pernicieuse, Envoie des serpents aux blessures venimeuses, Pour le prendre par derrière, Irina , aussitôt, attrappe une dague en fer, Qui traînait sur le pont, Elle en frappe les démons, Profitant de l’étonnement général, Henrik frappe le coup fatal, Il est mort, enfin, l’objet de leur vaillance ! Et leur peuple, n’aura plus pour eux, que bienveillance ! Hourra ! Crient les matelots, tandis que, les époux, Scellent par une étreinte la fin de ce courroux !
Revenu au pays, tête du Roquais en main, La gloire de Henrik ne connaîtra pas de fin, Il est craint, estimé et ce jusque dans la mort, Où il se transforme aisément en statue d’or ! Voilà qui donne à penser: c’est parfois par d’étranges détours, Que viennent s’exprimer la force et la bravoure !
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Epopée n°3 :
Orphée aux Enfers
I. J’ai pour mission de chanter dans ces vers, Une histoire tragique et sans lumière, Celle d’un bonheur idyllique rompu par la mort, D’une joie éphémère qui s’évanouit avec l’aurore. J’aurais pu, vous conter de moins amères histoires, Mais la vie n’est pas toujours aux heures de gloire, Et il existe des défaites qui valent la peine d’être contées, Tant elles sont animées de passion, et de fureurs parfumées.
II. Cette légende commence dans la joie d’un mariage champêtre, Celui d’Orphée, illustre fils d’une muse et du roi son maître, Et d’Eurydice fille d’Apollon, une nymphe dryade aussi belle que le jour. L’heure était à la fête et toute la Grèce dansait alentours, Une atmosphère brûlante de gaité et de féerie anima la soirée, Et un parfum de douceur agrémenta cette fraiche nuit d’été.
III. La nymphe aimée partit se promener au petit matin, Dans les bosquets du bois voisin, Et au contact de l’herbe sur ses doigts de pieds, Elle ne put résister à l’envie de se déchausser. Hélas ! Quelle imprudence venait-elle de commettre, En retirant ainsi ses souliers sous les branches d’un hêtre ? Un serpent attiré par la blanche chaire de la fille d’Apollon, Se faufila entre les herbes humides, et la mordit au ripaton ! Eurydice sentit ses forces l’abandonner et la mort l’emporter, Tandis qu’elle regrettait le vif bonheur de la nuit passée.
IV. Son époux, inquiet de ne pas la trouver dans la maisonnée, Partit à sa recherche, suivant la trace de ses charmants pieds. Quelle ne fut pas sa douleur lorsqu’il découvrit, Gisant au sol, le corps de sa femme, sans vie. Il s’agenouilla à terre et passa sa main sur le visage d’Eurydice, Sa peau était froide, et plus blanche que le lys, Ses yeux étaient vides, ils avaient perdu leur éclat. Il posa ses lèvres sur celles de la morte une dernière fois, Comme pour prélever son dernier souffle d’espoir : Le contact de ses lèvres glacées resta à jamais dans sa mémoire. Orphée se mit à pleurer à chaudes larmes, Sur ce corps à qui la mort n’avait su ôter les charmes. Sa peine était pareille à un ruisseau qui s’écoule sauvagement, Elle ne tarissait point, et rien n’aurait pu le consoler de ce terrible accident.
V. Soudain, les esprits de la nature se manifestèrent, Ils venaient prendre la dépouille de la nymphe aux yeux clairs, Orphée essaya de les attaquer, mais ses mains les traversaient : Les esprits ne sont pas palpables, ils n’ont rien de concret. Alors qu’ils commençaient à soulever la nymphe pour l’emporter, Les fleurs se mirent à faner, et la pluie se mit à tomber, Comme si la Nature elle-même pleurait la mort d’une sœur, Qui portait la beauté de l’Univers en son noble cœur. Notre héros seul sous la pluie battante était désespéré, - Eurydice, murmurait le vaillant, ô ma bien aimée, Tes yeux adorés me manquent, ils m’ont quitté trop vite, Ces deux éclats brillants comme des tanzanites ! J’avais gagné ton cœur et au lendemain de nos noces Voici que les dieux me le reprennent, c’est atroce ! Je ne puis tolérer d’être plus longtemps séparé de toi, Je descendrai aux Enfers te retrouver, sur ma foi !
VI. Armé d’une simple lyre et de son courage démesuré - Car l’homme qui aime n’a nullement besoin d’épée, Le fils de Calliope se rendit d’un pas décidé aux Enfers, Afin de délivrer sa bien-aimée de ses fers. Il marcha longuement, et aperçut finalement au loin, Une porte majestueuse et effrayante, gardée par un étrange chien. Il s’agissait de Cerbère, un animal monstrueux à trois têtes, Qui surveillait l’entrée et faisait battre en retraite, Tous les hommes qui avaient le malheur de s’aventurer ici-bas, Et il attaquait sauvagement ceux qui devant lui ne reculaient pas. Orphée observa le chien et s’en approcha lentement, Tout en jouant de la lyre avec un tel engouement, Que le monstre s’endormit avant même d’avoir sonné l’alarme, Cette mélodie enchanteresse l’avait fait tomber sous le charme. Satisfait, notre héros contourna la bête et poussa la lourde porte, En son sein respirait l’espoir que le courage apporte.
VII. Notre héros s’avançait dans un paysage sombre et désertique, Un marécage immense dans lequel flottaient des esprits aquatiques, Il jouait de la lyre et chantait pour se donner du courage, Dans ce monde obscur pareil à une infinie cage. Il découvrit au milieu de nulle part un escalier, Et le musicien avait le sentiment qu’il fallait l’emprunter, Il sentait que l’amour guidait ses pas, Et qu’il devait écouter en lui cette petite voix. Il descendit donc, et se retrouva dans une caverne rocailleuse, Aux parois rêches et anguleuses, Au sein de laquelle coulait un fleuve de lave. Mais Orphée était amoureux et brave, Et ce décor ténébreux ne l’effrayait guère, Il ne songeait qu’au visage de celle qu’il avait épousé hier.
VII. Orphée suivit le cours du fleuve, marchant sur la rive, Il regardait autour de lui, chantant une poésie expressive, Lorsqu’il aperçut au loin une barque glissant sur la lave lisse, Et parmi ses passagers, il reconnut son Eurydice, Il cria son nom aussi fort qu’il pouvait à cet instant, Mais les cris qu’il poussait étaient pareils à des chuchotements, Comme dans un cauchemar terrible, il se sentait impuissant, Il sentait dans sa poitrine son cœur battant. Il s’empara alors de sa lyre et joua une douce mélopée, Ses doigts pressent les cordes avec vivacité, Nul n’avait jamais entendu une mélodie plus mélancolique et plus virtuose, Tant le poète et l’instrument étaient en osmose.
IX Hades et Perséphone, du tréfonds des Enfers, Entendirent la beauté de cette musique qui avait su leur plaire, Pour féliciter le jeune homme de sa détermination, Et de son don pour la musique et la chanson, Ils décidèrent de lui rendre son Eurydice, Ils firent appeler Hermès, messager complice, Et lui demandèrent de ramener la nymphe à son mari, De lui expliquer quelle était la raison de leur sursis, Hermes plana jusqu’à la barque de la défunte, La prit dans ses bras et la conduisit au chanteur de complaintes. - Musicien, les Dieux infernaux m’envoient ici, Pour te dire qu’ils te rendent ton épouse chérie, Prenez ensemble le chemin du retour, tu la guideras, Mais sous aucun prétexte tu ne te retourneras, Elle marchera derrière toi, mais tu ne devras en aucun cas la regarder, Avant d’être arrivé dans le monde des vivants, au soir tombé.
X. Ravi, Orphée marchait gaiment sur le rivage en pente, Il entendait derrière lui le bruit des pas de son amante, Ce bruit le rassurait et l’apaisait comme une douce mélodie, Mais le désir de se retourner prenait peu à peu possession de son esprit, Il était tenté de faire marche arrière pour la prendre dans ses bras, Mais il se rappelait des paroles d’Hermes et ne la regarda pas. Lorsqu’ils montaient les escaliers, les bruits de pas de son amie Semblaient avoir disparu. S’étaient-ils envolés dans la nuit ? Orphée se mit alors à douter de la sincérité des dieux, Et voulut s’assurer que sa femme le suivait de ses propres yeux, Mais lorsqu’il se retourna, il vit Eurydice disparaître dans un brouillard épais, Et cette fois ci, il sut qu’il l’avait perdue à tout jamais. Amis, ne laissez jamais le Doute vous envahir, Il entraîne parfois de terribles repentirs.
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Épopée n°4
Il y avait cette lettre posée sur le canapé Celle que je regrette de ne pas déchirer Il y avait cette lettre piètre morceau de papier Ces mots se dissipent en un nuage de fumée Il n’y a d’autre destinataire inconnu Que celui qui mérite cette missive perdue Le vent qui balaye les feuilles mortes Zéphyr son histoire sur une seule note Sur sa lame se distinguait le ciel Dans ses yeux verts se lisait l’irréel Pourtant, le solitaire guerrier acharné Ne manqua pas de temps pour prouver Que la brise qui le suit souvent Est son alliée la plus intime Et qu’ensemble, ils bravent les ans Pour conter aux autres ces rimes Mais aujourd’hui, cette plainte sempiternelle Dont j’ai longtemps souffert l’éternelle C’est enfin tut Zéphyr disparu Et redevient à la terre cet être ingénu Pourtant souvenez-vous du feu Harangue les esprits malsains Celui que craint même le belliqueux Qui rongea la peau de nos mains Que nous tendions désespérément vers les cieux Implorant la pitié des dieux Mais la brise fut là pour étouffer Les flammes de l’Enfer et leurs pêchés Les exploits ne sont jamais restés gravés Ailleurs que dans mon cœur dépravé Mais dans ces mots cette complainte Souvenez-vous de qui vainquit la Sainte S’opposant aux dieux du haut de son dragon Il n’avait pas froid aux yeux le guerrier Zéphyr vile archer ou vulgaire souillon Il libéra de l’âme ces fanatiques prisonniers Il n’est pas prophète, ni idéaliste Seulement conscient d’être réaliste Il ne fut pas connu ni acclamé Seulement resté figé dans mon âme délavée L’éclat de ses yeux ne s’est jamais dissipé en moi Il ravive à lui seul la lumière sous mon toit Cela me tue de ressasser ainsi de vieux souvenirs Que je préférais oublier avant de mourir Zéphyr fut le combattant, le soldat, le chevalier Maintes fois retrouvé sur les champs minés Sa force ne semble jamais tarie Il ne voit pas la mort, il lui sourit Être taciturne jamais comblé De servir sa patrie de s’y incliner Mais l’étincelle de détermination dans ses yeux Trahira à jamais son esprit indomptable Et sa liberté qu’il me laissa avec un adieu Pourtant je ne regrette pas qu’il ait mené bataille La forteresse de Miolans et ses gardiens de pierre Froides et misérables entités guerrières Sous la lame de Zéphyr longue agonie Tristes chimères dissipées dans la nuit La frontière témoin d’un dernier combat Les vices ennemis font sonner le glas Bientôt les heures deviendront minutes De simples secondes avant la chute Sans aucune lâcheté le vent souffle La brise révoltée sur les premiers rangs Une piteuse et prenante odeur de souffre Bientôt remplacée par les effluves de sang Sur le dos du dragon Zéphyr qui s’arme De courage et de sérénité avant le drame « Garde confiance » ai-je murmuré Mes derniers mots avant ce baiser J’ai froissé la lettre en songeant isolée Dans mes mains le papier s’est déchiré Finalement les deux camps ont chargé Sur le dos du dragon le vent fut premier L’impact si violent qu’il en a résonné Les fleuves se sont reclus les montagnes ont tremblé La brise s’est soudain tue je l’ai senti Quitter peu à peu ce destin s’enfoncer dans la nuit Le vent souffle une dernière fois juste pour nier Et dans le ciel les lames se sont entrechoquées Les duellistes du soleil et de la brise À jamais représentés dans cette crise De coups et de volonté Il espérait Que le temps le pardonnerait Que les larmes de cette guerre s’estomperaient Mais le mal ne s’éteignait pas sur le monde Et la bataille faisait des victimes Immonde Supplice que la guerre des innocents Laissait sur son sillon jusqu’au firmament Puis la nuit est finalement tombée Le vacarme s’est apaisé les étoiles ont brillé Sous une aile de dragon infime secret Dissimulé sous les écailles les pages de ce sonnet Le corps ensanglanté ruisselle le sang sur son arme Le vent a cessé de balayer la cime des arbres J’ai jeté la lettre au feu rageuse Je sais que je n’aurais pas la volonté De vider les cendres de mon âme creuse Alors je revois la scène des temps passés Comme tout début il y a eu fin Comme toute vie il y a eu mort Je ne peux accepter que le combat malsain Ait finalement dissipé le sort Qui me liait à ce héros Zéphyr Les légendes l’oubliaient je le pleurais Mais je songe encore à cette lyre Qui résonna pour clore la bataille à jamais Ancrée dans les mémoires des anciens Et le sang de Zéphyr se lit encore dans le creux de ma main Il y avait cette lettre envolée solitaire Celle que je regrette d’avoir brûlée Il y avait cette lettre piètre message épistolaire La légende se dissipe dans mon cœur dépravé
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Épopée n°5
Éros et Psyché
I.
Mignonne petite fille, essuie ces larmes. Mignonne petite fille, fruit de l’amour, Enfant de la nuit et du charme, Ecoute ce récit et apprend d’où tu tiens tes jours.
II.
Il était une femme, belle, envoutante. Intelligente, suave mais aussi battante. Une femme, une liberté, une amante. Ses yeux luisaient d’une étincelle attirante, Sa peau murait une couleur laiteuse, Ses mains, fines, élancées rappelaient celles des tisseuses, Ses cheveux, cascade ébène, torrent de boucles, Laissaient imaginer une forêt mystique et magistrale. Son cœur lui, était plus pur que l’or, Et aussi prisé que n’était redoutée la Mort. Son père était roi, mais elle était la reine Des cœurs en lambeaux blessés par la peine D’avoir été rejetés par la princesse elle-même.
Tout en cette histoire commence par la rivalité, La jalousie, la concurrence de la beauté. Aphrodite, déesse envieuse et désirée, Eut vent du faste panache que dégageait la jeune femme, Et prise par le défi et la rage, Demanda à son fils Eros de faire fi des orages, Et, tout en masquant son visage, De descendre séduire la fille qui rivalisait avec sa mère bien aimée, Pour à la fin briser son cœur et changer L’histoire qui la destinait à la surpasser en beauté.
III.
Entre temps, la belle jeune femme s’était retirée Dans une contrée connue pour son calme et sa sérénité. Toute la journée elle se languissait, Du fléau que sa beauté lui apportait. Son charme ne lui valait que l’ennui D’avoir à prendre mari. Ses deux sœurs lui avaient conseillé, De s’éloigner du château quelque temps, Afin que la lassitude gagne ses prétendants. Mais ainsi écartée de la vie en société, La jeune femme maudissait chacune de ses journées.
Il fut un soir tard dans la nuit, Où elle entendit un son étrange venir du perron. Elle se leva, anxieuse de connaître l’origine du bruit, Et fut désœuvrée lorsqu’elle aperçût un garçon, Dont le visage était couvert par un ombre mystérieuse, Et dont la voix était des plus mélodieuses. Eros masqua à la jeune femme son identité, Lui défendant à jamais de se laisser tenter par la curiosité. Il la courtisa jusqu’à l’aube de satin, Où il partit en promettant qu’il reviendrait le lendemain.
Au fil des nuits et des jours, Le fils du dieu découvrit pour la femme un véritable amour, Que sa mère et les autres dieux n’avaient en rien encouragé. Et plus leur passion grandissait, Plus leurs étreintes s’éternisaient. Malheureusement tout beau fruit a son vers, Comme toute histoire à ses vilains amers. Ici, ce sont deux femmes sans cœur, Qui, jalouses du tendre amour que nourrissait leur sœur, Avaient décidé de lui jouer un mauvais tour. Elles l’encouragèrent au désir de connaître le beau visage de celui qui lui faisait la cour. Aphrodite se réjouit d’avoir trouvé Des acolytes qui l’aideraient à accomplir son pâle forfait. La déesse ne se doutait en rien que son fils, De la jeune fille lui aussi s’était épris.
IV.
Dans l’obscurité du soir, Eros dormait aux côtés de sa bienaimée. Poussée par d’avides pensées, La jeune femme se leva discrètement, Et alla prendre une bougie au feu ardent. Elle le passa près du visage de son amant, Et fut émerveillée par la beauté de ses traits. Malheureusement, de la cire brulante tomba sur l’épaule de l’endormi. Pris d’une rage sans pareil il se sentit trahi. Sans plus attendre il s’enfuit de la maisonnée, Ecoutant sa raison plutôt que son cœur qui lui criait de rester.
Des semaines plus tard, la princesse pleurait encore. Elle mélangea larme de tristesse et de joie lorsqu’elle apprit, Qu’un être grandissait dans son corps. Aphrodite, dans le ciel se réjouit. Son plan avait en tout point réussi. Mais elle n’avait pas encore vu son fils qui, A petit feu, mourrait de chagrin et de tristesse. Cette nouvelle mis dans le plus grand désarroi la déesse : Que faire ? Il lui fallut huit mois pour décider, Que son fils avait sa bénédiction pour se marier.
Malheureusement, il était trop tard. Sur terre dans la douleur du soir, Trois cris retentirent d’affilés. Le premier fut celui de nouveau-né qui avalait sa première bouffée. Le second fut celui de la mère qui n’avait pas sût subsister, A la douleur et à la peine d’enfanter. Le troisième fut celui d’Eros, Qui hurla toute la haine en son corps, Et qui dans un élan de passion, Demanda à la mort de retirer sa vie avec détermination. Dans la vallée, seul le bébé pleurait.
V.
Cette histoire était celle de Psychè. Ta mère, celle à qui tu dois ta beauté. Sache que tes parents t’attendent après la mort. Dans un monde où ils ont étés heureux jusqu’alors
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Bonne lecture ! |
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