Invité Invité | Sujet: Les propos pythiques, une vaste plaisanterie... Lun 26 Sep 2016 - 21:23 | |
| La Pythie avait pour habitude de délivrer ses oracles en mangeant dans des assiettes en or de Delphes. D’où l’expression ‘la Pythie vient en mangeant’. Comme elle parlait la bouche pleine, ce qui la rendait inintelligible, ses visiteurs lui demandaient de finir son repas en vitesse en lui lançant ‘Ô racle le Delft’, d’où lui est resté son surnom d’Oracle de Delphes, suite à une déformation dont l’histoire a le secret... Graffiti laissé sur une colonne. |
Je regardais à droite et à gauche avec une expression faussement distraite. En effet, je venais de laisser un petit message sur le marbre d'une colonne. Où ça ? Dans un temple du sanctuaire de Delphes bien entendu ! Si vous voulez marquer l'histoire, il faut que vous laissiez quelques perles par-ci par-là. Hérodote commence à poser les bases de la discipline. Il se base beaucoup sur les sources écrites, quelques qu'elles soient. Après tout, à partir des dessins égyptiens, il vous pond l'Atlantide alors avec une phrase en grec sur une colonne de marbre... D'un sanctuaire où une nymphette révèle l'avenir, on passera à une ogresse qui parlait la bouche pleine. J'aime l'idée! Résultat ? Je laisse ma griffe un peu partout. Qui sait ? Peut-être que c'est ma version que l'on va retenir. Quoi ? Elle est fausse ? Hey oh, on se calme là. C'est l'histoire qui le dira.
Je pénétrais dans le temple du divin fils de Léto (et de Zeus accessoirement). L'endroit embaumait les encens. On cherchait à cacher l'odeur du souffre émanant d'une faille dans le sol. Quoi ? Vous pensez vraiment qu'elle entend des voix divines la gamine ?! Non, non, elle délire. Entre les volutes toxiques et le bourrage à grand coup de feuilles de lauriers, elle est farcie la demoiselle. On pourrait lire les oracles dans ses entrailles ! Je casse vos délires mystiques ? Roooo... croire les légendes n'engage que vous si vous voulez demeurer dans l'ignorance, continuez de croire qu'elle était connectée à Apollon via la mastication d'herbes aromatiques. M'enfin, je parle, je parle, mais vous vous demandez pourquoi votre servante est ici ? Eh bien, je viens prendre la place de la vedette pour passer une petite annonce. Quoi ? Il n'y a pas plus rapide que l'Oracle de Delphes pour récupérer un valeureux héros ! Cela fait le tour de Grêce plus rapidement qu'Atalante avec le feu aux fesses. Un véritable gage de rapidité et une garantie aussi. Après mettre infiltré comme un courant d'air (littéralement en fait), j'entrais dans l'antichambre où attendait la Pythie.
Une jeune femme se balançait d'avant en arrière en marmonnant un charabia incompréhensible. Ni une, ni deux, je prenais la donzelle et l'enfermait dans un coffre que je cachais soigneusement. Puis je revêtais la tenue de la mortelle et son apparence par la même occasion. J'avais à peine terminé d'enfiler mon déguisement qu'un prêtre arrivait et me prit la main pour me mener dans la salle d'audience. Bah tiens ?! Je croyais que nul n'avait le droit de la toucher la nénette ?! Hé hé ! Un futur eunuque si Apollon apprend ça ! Après quelques pas au grès des colonades, nous arrivâmes dans la grande salle. C'était noir de monde. Regardez-moi cette bande d'irresponsables ! Ils préfèrent demander l'avis d'une vierge sous narcotique plutôt que leurs neurones. Ah ah ! Quelle chance ! Je prenais place sur une sorte de trône qui baignait dans les vapeurs diverses et variées. On me présentait des feuilles de lauriers à mâchouiller... je les prenais et le défilé commença.
Je répondais par énigme aux croyants, me débrouillant pour que mes phrases soient toujours à double sens. Pourquoi ? Ce n'est pas parce que je suis une "Pythie intérimaire" que mes prédictions ne peuvent pas être exacte. Le gars choisira la version qu'il préfère, dans un cas comme dans l'autre, j'aurai eu raison. Puis, quand je sentis que tout ce bon monde était chaud à vivre un miracle, je me laissais dans un délire pyrotechnique : je fis apparaître un halo de lumière tout autour de moi, déclenchant des bourrasques qui faisaient voler mes vêtements alors que je levais les bras vers le ciel. Prenant une voix profonde et d'outre-monde je m'adressais à la populace :
Ô mortels ! Écoutez la demande des Dieux ! Avant le troisième coucher de soleil, vous devrez offrir à la maîtresse de l'Aube le gant de Pan détenu dans une souche d'arbre de la forêt de Dodone protégé par faunes et dryades ! Si le précieux objet n'était pas offert à la déesse aux doigts de rose avant le délais fatidique : plus jamais le soleil ne se lèvera et la terre subira une nuit éternelle !
Subitement, devant leurs faces de lune, je faisais cesser subitement mes effets visuels et sonores, reprenant mon déguisement comme si j'étais la pauvre mortelle qui venait d'être "habitée" par une présence divine. Les prêtres se bousculèrent pour me ramener à ma chambre où ils me laissèrent. Je m'empressais de délivrer la vierge qui n'avait pas spécialement compris ce que je lui avais fait (quand je vous dis qu'elle est perché la gamine!). Et je me mêlais à la foule sous les traits d'un vieux prêtre, s'appuyant sur un vénérable bâton. Les mortels étaient fous et brassaient de l'air complètement catastrophés et parlaient de trouver un héros... voilàààààà!! Je n'avais plus qu'à m'assoir et attendre. Il finirait bien par y avoir un candidat pour cette mission. |
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