Nostalgie...

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Hermès et Calypso

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En me réveillant ce matin, je ne savais pas où mes pas me mèneraient. Je n'avais - inhabituellement - aucune envie de me mêler à la foule. Laissant mes pas me conduire où bon leur semblaient, je fus surprise d'arriver aux Jardins célestes. La végétation y était luxuriante, multicolore et variée. Je déambulais ainsi dans le dédale des petits chemins caillouteux, labyrinthe de fortune. J'arrivai à prximité d'une section de plantes bien particulières à mes yeux. Un petit écriteau indiquait, en lettres soigneusement calligraphiées : "Île d'Ogygie, Flore"

Ils avaient réussi à développer en ces lieux des plantes de mon île ? Mais comment avaient-ils pu ? Je me promenais maintenant entre des plantes familières, qui me rappelaient des moments vécus sur mon île. D'aussi loin que je m'en rappelle, j'avais toujours été seule...

Oui, seule. Je ne voyais pas d'explication valables. Hermès uniquement avait autrefois la permission de m'y rendre visite... mais c'était il y a très longtemps... si longtemps.
De toute façon, il ne se serait pas amusé à cueillir des fleurs pour les Dieux !! Comme je le connaissais ...
Trop de souvenir remontaient à la surface. Je décidai, pour une fois, de les laisser prendre possession de moi.

Toutes ces nuits à pleurer ma solitude, sur une île solitaire. Ce cadeau empoisonnée, cette jeunesse éternelle. Lamentations. Que leur avais-je fait, pour qu'ils me punissent ainsi ?
Puis il était arrivé, celui-là ! Dieu des voleurs, mendiants et commerçants ... Hermès, quoi.
Comme un phare au milieu des Océans, il avait rendu sa lumière à ma vie. Ses visites me rendaient plus heureuse que jamais... et chaque fois qu'il s'en allait, je n'attendais que le moment de son retour... Mais c'était il y a longtemps. Depuis, plus une trace. Je ne l'ai même pas croisé au Palais des Dieux... Que fait-il donc de son temps ?

- Il m'a sûrement oubliée, de toute façon... comme tout le reste d'ailleurs ! dis-je à haute voix, me croyant seule.

Mais je ne lui en voulais pas. J'étais passé à autre chose, depuis le temps...

Une branche craqua dans mon dos. Je me retournai vivement, histoire de voir le visage de celui qui avait osé me déranger dans mes réflexions.

Mais quand on parle du loup ...

 

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Hermès et Calypso

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Là, devant moi. Tout simplement. Sans fioritures.

"- Bonjour Calypso."

Si purement. Si simplement. Mon total contraire...
Décidément, cette journée ne serait pas si ordinaire que je ne l'avais prévu.

Je le fixai, d'un regard légèrement dévisageur... lui répondre? Ni sa voix légèrement mélodieuse, ni son visage doux et angélique n'avait changé depuis la dernière fois. Son regard non plus. Mi-charmeur, mi-amusé. Mais tout de même charmeur...

"-Bonjour à toi, Hermès."

Partagée intérieurement entre ma rancune et ma surprise, je ne savais pas quoi dire. L'ambiance, d'abord portée par les retrouvailles, vira en un rien de temps au silence lourd des longues années de non-dits. Mais après tout, pourquoi lui en vouloir ? Je me décidai à faire le premier pas, baissant légèrement les yeux.

"- Quel bon vent t'amène-t-il en ces lieux ? ..."

Question tout à fait débile. Mais qui pourrais peut-être, avec un peu de chance, lancer une discussion ouverte...

Je m'en voulais de ne pas pouvoir me délester de cette rancune qui pesait sur ma conscience. J'avais pourtant envie d'un nouveau départ, d'une nouvelle chance...



 

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Hermès et Calypso

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Sa réponse ne me surpris pas outre mesure. Il avait toujours eu un penchant sérieux pour la taquinerie. J'esquissai un sourire léger.

Il s'approcha. Sans bruit. La distance n'existait plus. Je me noyai dans ses yeux émeraudes. Tant d'espoir, tant de souffrance. Il souffla doucement à mes oreille.

"- Tu m'a manqué ma Douce.

- Toi aussi... tu ne sais pas à quel point..."

L'imitant, je posai ma main sur sa joue, caressant la perfection de ses traits, qui nuançaient totalement avec ses cheveux, aussi rebelles que le vent. Le silence, à présent, portait en lui quelque chose de rassurant. Une question me brûlait pourtant les lèvres...

"- ...Pourquoi es-tu parti ?"

J'avais besoin de savoir.   

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Hermès et Calypso

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Je m'attendais un peu à cette réponse. Au fond de moi, je l'avais toujours su. Mais comme on le dit souvent - et ce fut le cas pour moi -, l'espoir fait vivre.
Je voulus parler, puis me retins. J'avais brisé sans le vouloir ce silence innocent, pour l'embarrasser dans de trop lointains souvenirs. Que dire à présent ?

Le vent ne peut être fidèle, alors pourquoi le serait-il ?

Je caressai encore une fois sa joue, mélancolique, avant de déplacer le bout de mes doigts sur son torse. Je sentis alors le mouvement continu de sa respiration. Cela m'apaisa. Quand je relevai la tête vers lui, mon regard avait changé. J'étais devenue sereine. Prête à lui dire ce que j'avais sur le coeur depuis si longtemps.

"- Je me suis attachée à toi, Hermès. Trop, sûrement... Si je fus longtemps rancunière à ton égare, c'est parce que tu avais comblé le vide, la solitude que je ressentais... et que tu sois parti du jour au lendemain m'avais brisée. C'est à moi de m'excuser... Je... Je n'aurais pas du espérer autant, alors qu'à chaque fois je doutais de ton retour. "

Comme toute les esprits féminins, j'eus des rêves. A présent, j'en était détachée. Ce fut le seul que j'eus aimé... et il le restera sûrement. L'espoir qui me guide m'a longtemps aveuglé, et Hermès avait finalement réussi à m'ouvrir les yeux.

"- Merci... merci pour tout."

Mon regard croisa le sien; Une larme perla au coin de mon oeil, porteuse de tous mes maux qui s'envolaient. J'eus l'irrésistible envie de me blottir dans ses bras, afin de trouver quelque réconfort. Mais j'hésitais, de peur que ce geste désinvolte ne contredise ma triade.  

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Hermès et Calypso

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J'aurais pu rester là, dans ce cocon de plume, pour l'éternité. Les larmes avaient coulé d'elles mêmes, mais à présent, je me sentais forte. Déterminée à tout reprendre à zéro. Ce que je lui proposai au bout d'un long moment, durant lequel je goûtais, pour la dernière fois, du silence innocent et fragile.

" - M'accorderas-tu une seconde chance de faire ta connaissance?", dis-je d'une voix assurée en me défaisant - à contrecoeur - de son étreinte.

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