Une journée de plus qui s'annonce, la qualifier de "belle" serait un mensonge car aucune journée n'est belle dans le monde de Méduse... Dans mon monde sombre et triste.
Le matin est arrivé plus vite qu'à l'accoutumé aujourd'hui, les nuits rétrécissent et les journées s'allongent : le printemps est là et l'hiver s'en va. C'est dommage, j'aime bien l'hiver la neige qui chute du ciel, qui s'accumule sur le sol et qui fond au soleil comme mon âme qui s'effrite au cours des jours. La neige me ressemble : elle tombe, stagne et disparait et cela sans la moindre raison…

Alors que le printemps est trop gai pour ma triste existence, le soleil qui chauffe le sol, les plantes qui s'éveillent et les arbres qui verdissent. Tant de bonne humeur pour une seule saison, alors que mon cœur reste triste, éternellement accablé, sans que rien ne puisse l'arranger. L'hiver m'apaise, puisque j'ai l'impression que l'univers tout entier se joint à ma douleur, alors que le printemps arrange les humeurs de tout le monde, sauf la mienne. Je déteste cette saison, je me sens encore plus seule au printemps.

Me voila, déambuler sur un chemin de terre au milieu d'une forêt, je ne sais même pas où je suis exactement. Depuis que la mort elle-même m'a rejetée j'erre sans raison au milieu de la nature, avec pour seule compagnie ma solitude …

- Arrête de réfléchir, à force de déprimer tu vas te faire des cheveux blancs ! Et je n'ai pas la moindre envie de devenir blanc !

… et mes serpents ! Melph : le plus insupportable de tous, et le pire c'est qu'il se croit drôle, mais après tout, il n'hésite pas à me dire ce qu'il en est vraiment, sans aucun faux-semblant.

- Melph arrête ! Cette lamentation … je suis la seule à l'entendre ?

Une lamentation ? Je n'avais rien entendu, mais Kelta a toujours eu l'ouïe fine... Effectivement, une plainte lointaine arrive à mes oreilles… J'avais oublié, mais le printemps ce n'est pas seulement l'éveil de la nature, mais c'est aussi la reprise des activités pour les braconniers en tout genre. Ces humains monstrueux et lâches qui n'osent même pas affronter leur proie, ils les laissent agoniser plusieurs jours avant de venir les chercher à demi-mortes.
Et cette fois, c'est une biche qui est prise au piège, la pauvre bête doit être là depuis quelques jours, affaiblie et blessée, elle ne peut plus bouger… L'avantage d'être ce que je suis c'est que les animaux voit en moi un congénère inoffensif, je ne dégage pas ce que les humains empestent, pour eux : je suis "quelqu'un de bien". La biche ne bouge pas à mon approche, alors que les humains fuient tous sans exception, et cette confiance en moi lui rend sa liberté : ces liens ont été détaché en peu de temps grâce à mes "superbes" griffes.

Et la voila repartie, vagabonder dans la nature, retournée à sa petite vie tranquille de biche.

Et moi, toujours seule …