Panne et rencontre

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Erato et Terpsichore

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Je remis les pieds pour la première fois sur ma terre natal. Cela me faisait une sensation étrange, de retourner dans un lieu que j'avais quitté dans des termes disons... qui manquaient d'amitié. Je foulais aujourd'hui de mes pas légers le sol si doux du Palais des Dieux. J'avais enfin fait le grand pas. Celui de revoir ma famille.
Une musique résonna au loin, et vint chatouiller mes oreilles sensibles ; je n'eus pas besoin de deviner; je le savais. Ma grande soeur, Euterpe. Elle et sa musique. Je crois que c'est celle qui a découvert son don le plus tôt. Et je l'en avais longtemps envier. Mon antique jalousie faisant des siennes quand je n'y pensais pas, je décider de la rencontrer plus tard. Je continuai donc mon chemin, esquissant de petits pas de danse le long de ma route. Des têtes se tournèrent vers moi. Mais on ne paraissait pas me reconnaître… Je me dis que c'était mieux ainsi.
Comme je préférais être discrète, je me glissai su un petit sentier que je connaissais très bien. Quelques buissons parcouraient ses abords, et personne n'oserait me suivre dans ce dédale broussailleux. Tout-à-coup, un bruit me fit sursauter. Je stoppai ma marche, et en écoutant mieux, je perçu un frémissement dan sl'un des buissons proches. Puis des sanglots. Les plus amères qu'il soit. Mon coeur chavira, et en grande sensible, je me dirigeai, une larme perlant au coin de mon oeil, vers la cachette d'un être sans défense. Une Déesse pleurant ? Je n'en était pas sûre… Elles étaient tellement douées pour dissimuler leurs émotions…
… Mais alors… qui était-ce ?

J'écartai les buissons, ma main tremblait. Celle que je vis, noyée dans ses larmes, n'était autre que… Erato.

Ma soeur.

Nous restâmes interdites de longues minutes. Puis, une vague d'émotion me submergeant, j'ouvris mes bras, d'un geste fraternel. Sans aucune hésitation, elle se blottit dedans. Et sanglota de plus belle.

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Erato et Terpsichore

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Je la sentais toute tremblante, dans mes bras. Que lui était-il donc arrivé, pour qu'elle soit dans un état pareil ? Je me retint du lui poser la question, préférant la loi du silence. Je lui devait bien ça. Era', c'étati la seule de toutes mes soeurs qui ne s'était jamais moqué de moi. Elle avait toujours été compréhensive, et je me rappelle encore maintenant que c'étati la seule qui avait écouté mes pleurs, plus jeune. Je décidai donc d'être la même avec elle, en cet instant.
Je la sentis se remuer pour se dégager doucement de mes bras. De sa voix douce et compréhensive, elle me parla.

-Mais ... je ne comprends pas, tu nous as toujours dis que tu n'aimais pas être ici, je ne comprends pas. Que ... tu as trouvé ton don?

Je m'empressai de lui répondre, heureuse, car même si je m'intéressais beaucoup aux autres, j'étais une vrai égoïste parfois !

- Oui, Era' !! Je suis si contente !! Mon Art est la Danse. Je l'ai appris grâce aux Hommes. Oh si tu savais comme je suis heureuse ! En même temps, je n'aurais pas osé revenir sur l'Olympe démunie... Mais... Et toi, que c'est-il passé ? Aussi loin que je me souviens, tu étais toujours souriante et engagée... Que s'est-il passé, ma soeur ?

Son esquisse de sourire disparut, remplacé par une moue triste. Je la voyais déjà fondre encore en larmes.

- Non, ne pleure pas... je suis désolée si j'ai dit quelque chose de mal... Allez..., dis-je en essuyant une petite larme perlant sur sa joue, raconte-moi tout.

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Erato et Terpsichore

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-Je ... Promet-moi de ne pas te moquer, mais ... je n'ai plus d'inspiration, je n'arrive plus à composer. Tu étais partis quand j'ai trouvé mon art. C'est la Poésie et les choeurs. Alors aujourd'hui, je suis en panne d'inspiration et j'ai peur que ça soit ... pour toujours.

Quand elle se remit à pleurer, je la pris une nouvelle fois tendrement dans mes bras. Je lui chuchotai pendant de longues heures que ce n'était juste temporaire, qu'il ne fallait pas s'inquiéter. Mais elle restait de marbre devant mes encouragements, ce qui ne me plu pas du tout. Ma propre soeur, se comporter de la sorte ?

Décidée, je l'empoignai par la bras et la tirai de force à l'arrière d'une construction de pierre abandonnée. Je lui intimai l'ordre de prendre sa lyre - ce qu'elle fit, les dernières larmes coulant de ses yeux doux -, elle s'assit et je me tint debout devant elle.

Nous restâmes comme cela de longues minutes, nous dévisageant. J'entamai un pas de danse sous ses yeux, qui se transforma en un ballet de beauté. Je passai tout près de son oreille, et mes lèvres chuchotèrent.

- Joue. Chante.

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Erato et Terpsichore

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Ma joie et mon bonheur déculpèrent quand j'entendis pour la première fois depuis bien longtemps le son doux et mélodieux de la Lyre. Je croisai le regard de ma soeur. La mine radieuse, elle s'adonnai à son art comme un oiseau à la formation de son nid ; brindilles par brindilles, notes par notes, elle fixait un monde plein de gaieté, de couleur et de joie. Mon coeur fit un bon. Elle s'était mise à chanter. La seule pièce manquant au puzzle.

J'achevai ma danse pour la regarder. A elle seule, Erato captivait l'attention. Sans s'en rendre compte, évidemment ! Depuis longtemps, elle avait fermé les yeux. Une mélodie nouvelle naissait de son inspiration, tel une renaissance divine. Un chanson douce, mélodieuse, mais en même temps tentatrice et battante. Elle ne s'arrêta qu'un quart d'heure plus tard, essoufflée mais heureuse. Nous nous observâmes et je compris : Le lien qui nous unissait, ne se dissoudra jamais.

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