Bizarrement, aujourd'hui, Poséidon s'ennuyait, il ne savait pas quoi faire. Même les magnifiques musiques sous-marine de son palais ne pouvait lui arracher son ennui. Il décida alors de faire une chose qu'il ne faisait presque jamais : Remonter à la surface, en personne. Mais où ? Là était la question. Il se décida alors à jeter un petit coup d’œil avait d'y aller, il ne trouva rien d'intéressant, jusqu'à ce qu'il voit la forêt. Une chose improbable vint le frapper : Sa petite sœur Hestia, celle qu'il n'avait jamais vu en dehors de l'Olympe, était descendu sur Terre ! Ni une ni deux, il avertit sa femme Amphitrite (qui était dans son bain) qu'il sortait. Un peu surprise, elle hocha la tête sans rien dire. Poséidon se jeta alors sur son char d'hippocampes et en les fouettant, leur hurla "la forêt !".

Il allait très vite, et en une dizaine de secondes, il était à la surface. En une dizaine de secondes, il avait parcouru plus de 10 000 mètres sous-marins. Il descendit, se saisit de son trident, qu'il avait posé sur son siège, et marcha lentement vers le territoire de sa nièce. Il n'était venu ici que très rarement, malgré son avis positif sur cette forêt. Il voyait que rien ne manquait, ni ne "dépassait", en somme, tout était parfait ! Il arrivait enfin près de sa sœur. Celle-ci semblait ne pas l'avoir entendu, mais peut être qu'elle simulait. En tout cas, Poséidon engagea la conversation.

-Que fais-tu si loin de l'Olympe, chère sœur ? dit-il d'un ton enjoué et curieux

Hestia sursauta quand elle entendit une voix ô combien familière :

Que fais-tu si loin de l'Olympe, chère soeur ?

Elle se retourna : devant elle se tenait son frère Poséidon, le dieu de la Mer. Il avait l'air enjoué et curieux de la voir hors de l'Olympe. La déesse sourit :

Bonjour, mon frère. Oh, j'avais juste envie d'aller voir le monde mortel. Et toi ? Que fais-tu ici ?

Elle connaissait suffisamment son frère pour se douter qu'il n'était pas venu par hasard...

Hestia ne l'avait pas entendu arriver, elle sursauta quand elle entendit la voix de son frère. Ce dernier s'approcha d'elle et, plantant son trident au sol, s'assit à ses côtés.

-Je m'ennuyais dans mon palais, et quand je songeai à sortir, je te vis dans cette forêt. Me voici donc.

Le dieu de la mer se releva après avoir répondu à sa petite sœur. Il la regarda. Elle semblait s'ennuyer encore plus que lui, alors il tendit son bras pour l'inviter à se relever tout en lui proposant :

-Et si nous marchions pour encore mieux inspecter le travail de notre nièce ? Ca nous enlèvera peut être notre ennui. dit-il en lui souriant le plus joyeusement possible.

Hestia garda son sourire ; ainsi, son frère s'ennuyait en son palais sous-marin... La vie de divinité n'est décidément pas rose, pensa la déesse. Elle vit son frère lui offrir galamment le bras en lui proposant :

Et si nous marchions pour encore mieux inspecter le travail de notre nièce ? Cela nous permettra peut-être d'échapper à l'ennui.

Surprise par la proposition, elle resta muette quelques insitants, puis répondit :

D'accord, mon frère. Bien que je doute que le travail d'Artémis soit mal fait, cela nous permettra de penser à autre chose qu'à notre statut de divinité.

Gambadant tranquillement dans la forêt, Cerbère s'amusait avec les papillons et les fleurs, tout guilleret qu'il était. Il jouait, faisait des galipettes, se distrayait de tout ce qu'il trouvait, de toute cette vie qu'il ne trouvait pas aux Enfers, et pour cause. Il jouissait pleinement de cette liberté que les chaînes qui le retenaient d'habitude ne lui permettaient pas de goûter. En fait, il découvrait peu à peu le monde. Et au fur et à mesure qu'il le découvrait, il jouait avec. Puis il s'en lassait. La seule chose dont il ne se lassait pas, c'était des êtres vivants les plus évolués. En fait, il adorait sauter sur eux, leur demander de jouer avec lui, lécher leurs visages si drôles. Cela ne l'ennuyait pas. Cela ne l'ennuierait jamais.
D'ailleurs, Cerbère, alors qu'il poursuivait un papillon, faute d'avoir trouvé mieux, entendit une voix. Il abandonna alors son papillon, attiré par la perspective beaucoup plus alléchante de jeux avec des humanoïdes.
Il suivit le son grâce à son ouïe très développée, et dès que les deux personnes furent en vue, il commença à courir, le plus vite qu'il pouvait. Il fonça d'abord sur la fille. Ses cheveux roux l'amusaient. Il sauta sur elle, la plaqua contre terre, et haleta devant elle, avec cet air qu'ont les chiens lorsqu'ils demandent à jouer. Sa bave tombait allègrement sur son visage. Un visage qu'il aimait bien, aussi, il le lécha avec tout son amusement. Puis il vit le second, un homme, torse nu, dégageant une forte odeur de poisson. Cerbère n'était certes pas un chat, mais il répondait bien à cet appel universel : celui du ventre. Aussi, il plaqua également l'homme à terre, et le lécha tout entier, profitant du goût prononcé de poisson de son nouveau compagnon.
L'homme se dégagea, puis se releva. Cerbère le regardait avec ses yeux de chien battu, espérant si fort pouvoir jouer avec ces deux humanoïdes si sympathiques. Mais manifestement, les deux l'avaient complètement oublié. La fille s'était aussi relevée, et les deux se regardaient à présent dans les yeux. Ils commencèrent à se disputer. Cerbère n'aimait pas cela. Il aimait encore moins qu'on ne fasse pas attention à lui. Alors, les têtes basses, déçu par ces humanoïdes, il s'enfonça à nouveau dans la forêt. Quelques minutes plus tard, il était déjà loin, en quête de nouveaux compagnons de jeu...

Pendant que les deux divinités marchaient, des pas retentirent derrière eux ; en se retournant, Hestia reconnut l'animal favori de son frère Hadès, à savoir Cerbère, le chien des Enfers. Ce dernier sauta sur Hestia pour lui faire la fête en la léchant, avant de se tourner vers Poséidon qui cherchait à le chasser et de le lécher à son tour.

Lorsque Poséidon se releva, il était pris d'une rage incontrôlable et lança à l'encontre de sa sœur :

Alors comme ça tu veux oublier ton statut de divinité ? Qu'es-tu, folle ? Nous sommes vénérés, nous sommes des dieux, pourquoi veux-tu oublier cela ?!

Hestia fut désarçonnée par le ton agressif que venait de prendre son frère ; elle se sentit blessée, elle fronça les sourcils et répliqua, d'un ton tout aussi agressif :

Réfléchis un peu de pourquoi je veux oublier ! Si nous sommes vénérés, c'est uniquement parce que nous inspirons la peur ! Oui, la PEUR ! Sans la peur des mortels, nous ne serions pas là pour en discuter !

De rage, la déesse s'éloigna à pas vifs de Poséidon, marquant le sol d'empreintes enflammées. Elle n'allait pas s'excuser la première, elle attendrait (sûrement une éternité) celles de son frère.

Hestia marcha longtemps, tout en se massant les tempes ; la colère était toujours présente en elle, et elle ne la quitta que lorsqu'elle trouva une souche sur laquelle s'asseoir. Elle s'assit brutalement et continua à se masser les tempes, en respirant à fond. La déesse se calma graduellement ; elle comprit alors que la bave de Cerbère était responsable de son changement d'humeur et celui de son frère. Elle regretta ses paroles, mais quand elle voulut s'excuser, elle se rendit compte que Poséidon était retourné dans son palais sous-marin. Elle décida alors de rentrer sur l'Olympe ; elle attendrait la prochaine réunion des Olympiens pour discuter plus sereinement avec son frère...

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